Le Havre

S’il est très souvent question, en France, de réussite éducative, le bien-être de l’élève n’est en revanche que très peu abordé, alors même que l’Education nationale encourage les enseignants, dans son programme, à "travailler à la promotion du bien-être à l’école, parce que les difficultés psychiques sont souvent à l’origine du décrochage scolaire". C’est ce constat qui a amené Aurélie Louvel, professeure documentaliste au collège Henri-Wallon du Havre, qui tient un blog (1) ainsi qu’une page Facebook consacrés à la bibliothérapie, à lancer un atelier dans son établissement scolaire. Elle s’inspire en cela de Sadie Paterson, une Américaine qui a eu l’idée de conduire une série d’expériences cliniques en 1924 dans un hôpital de l’Alabama pour tenter de soulager les troubles psychologiques des militaires traumatisés par la Première Guerre mondiale. Dans le domaine de l’éducation, la pratique de la bibliothérapie peut seulement consister à lire, ou être complétée par des discussions et des ateliers créatifs.

"L’identification de l’enfant avec les personnages de certaines histoires, le fait de les voir confrontés aux mêmes problèmes que les siens et de parvenir à trouver des solutions, cela peut vraiment aider les enfants à se sentir mieux.Les livres de la série Max et Lili, par exemple, permettent d’aborder les thèmes de société", assure Aurélie Louvel, qui rappelle que les lectures jouent aussi dans le domaine de l’inconscient.

Depuis un an, elle propose des extraits choisis, sous forme de métaphores, à un petit groupe d’élèves de 11 ou 12 ans. L’expérience, concluante, se poursuit cette année, et s’enrichit même de méditation. Toutes les semaines, pendant une heure, la professeure documentaliste animera un atelier créatif pour une classe d’élèves de sixième, qu’elle verra par petits groupes de dix pour travailler autour du livre animé d’Anna Llenas et Marie Antilogus, La couleur des émotions.

Pour Aurélie Louvel, cette expérience réalisée en milieu scolaire pourrait tout à fait être transposée en lecture publique. "A partir du moment où il y a des enfants et des livres, on peut l’adapter en bibliothèque, toutes les conditions sont réunies !, souligne-t-elle. Ici, je travaille sur l’appropriation de l’espace. Le CDI peut être un refuge pour les élèves un peu isolés." La formatrice en bibliothérapie jeunesse se rendra prochainement en Suisse pour rencontrer des bibliothécaires, à qui elle apprendra notamment à aménager un espace thérapeutique, conseiller au mieux les enfants et les adolescents, et animer des ateliers de bibliothérapie. Clémence de Blasi

(1) https://bibliotherapie76.wixsite.com/blog

24.11 2017

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