On avait pu mesurer, il y a cinq ans, l'impact positif du « plan Filippetti » sur la librairie française. En injectant dans la branche, en 2012, plusieurs millions d'euros sous forme de subventions et de prêts, et à travers des cautions bancaires, la ministre de la Culture de l'époque a provoqué une multiplication des créations de magasins et facilité nombre de reprises. Elle a aussi restauré l'attractivité du métier de libraire, qui suscite à nouveau du désir. Le plus formidable est que cette image perdure aujourd'hui en dépit de l'évolution aléatoire du marché du livre. En 2018, d'après les observations de Livres Hebdo, confortées par celles du Centre national du livre, de l'Adelc ou encore des diffuseurs, le nombre de créations de librairies a atteint un niveau record, tout comme celui des reprises.

Les librairies du XXIe siècle sont en revanche bien différentes de celles créées dans les deux dernières décennies du XXe. Les nouveaux libraires optent pour des surfaces plus modestes, et, lorsque le succès vient, ils préfèrent ouvrir un deuxième magasin dans une localité ou un quartier voisins plutôt que d'agrandir le premier. Au temps du commerce en ligne triomphant, ils privilégient la proximité et le contact direct avec le client plutôt que l'étendue de l'assortiment, intègrent fréquemment un café ou un salon de thé à leur projet. Ils prônent une librairie plus sélective, plaçant leur programme de rencontres et d'animations au cœur de leur stratégie commerciale.

Surtout, en misant sur des surfaces et des équipes plus réduites, mais aussi plus qualifiées, que leurs prédécesseurs, les nouveaux libraires associent projet d'entreprise et projet de vie. Ils pensent image et réseaux. Entre dimension humaine et développement durable, ils se projettent dans un commerce qualitatif, qui peut emprunter, dans une version plus élégante, à la supérette de quartier, mais surtout, plus sûrement à l'épicerie fine. Libraire, c'est chic !

Les dernières
actualités