23 août > Roman France > Karine Silla

Le jour où sa fille Chloé, 5 ans, lui fait remarquer que le père Noël ne doit pas exister car comment ferait-il pour voler si les rennes n’ont pas d’ailes, la narratrice de L’absente de Noël de Karine Silla répond tout de go qu’elle a raison, il n’existe pas ! Le menton de la fillette tremble et ses yeux s’emplissent de larmes, en vérité elle y croyait, la question était pour se rassurer du contraire. Sa grande sœur Sophie jette un regard noir à leur mère, Virginie, qui lui avait fait le même coup il y a sept ans lorsqu’elle était elle-même petite fille.

Sophie, ce Noël-là, était seule avec sa mère car son père Antoine était avec son autre famille. Sophie est la fille cachée. Antoine fêtait Noël parmi les siens, même si pendant longtemps lui et son épouse, Fanny, n’avaient pas eu d’enfants. Dans le milieu de Fanny, on se doit d’être là à cette occasions. De toute façon, hors de question de divorcer, dût-on ne pas s’entendre. La belle-famille d’Antoine lui avait fait un prêt pour son affaire, c’était compliqué, et puis un jour Fanny tomba enceinte… Cette grossesse sonna comme le glas de la double vie d’Antoine et Virginie. Jeune, Virginie "rêvai[t] d’être romancière et de parcourir la Terre, comme Hemingway". A 40 ans, Virginie "ne s’autorise plus à voir en grand", elle est libraire, mariée à Gabriel, "fin psychologue, sociologue, humaniste, philanthrope" ; avec lui elle a eu Chloé, Sophie adore sa petite sœur et son beau-père. Virginie est heureuse. Décembre, la période de Noël approche. L’aînée était partie avec sa meilleure amie, Pamela, au Sénégal pour une mission humanitaire. Décembre est un mois cruel. Ce sera sans Sophie. Pamela les appelle, elle est rentrée seule. La suite est un branle-bas de combat, un affolement généralisé qui jette les familles respectives de Virginie et d’Antoine sur les traces de la disparue.

Karine Silla signe un roman familial, choral, où les placards trop longtemps scellés se rouvrent à l’occasion du drame. Si le père Noël n’existe pas, les cadavres, eux, oui. S. J. R.

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