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Québec: La littérature dans les programmes scolaires au cœur du débat politique

Michel Tremblay

Québec: La littérature dans les programmes scolaires au cœur du débat politique

Le parti du Premier ministre demande que davantage d'auteurs québécois soient présents dans les programmes scolaires de la province canadienne. Les opposants à cette démarche y voient une ingérence dans la liberté d'enseigner et un dessin nationaliste.

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Par Vincy Thomas,
Créé le 22.03.2021 à 15h44

Le parti Coalition Avenir Québec (CAQ), dont est issue l'actuel Premier ministre québécois, François Legault, veut insuffler davantage de littérature et de culture québécoises dans les programmes scolaires de la province canadienne. Dans un communiqué du 18 mars, dans le cadre de la Journée internationale de la francophonie, la Commission de la Relève de la CAQ propose de valoriser la langue québécoise par "la création d’un corpus commun de grandes œuvres de la littérature québécoise pour toutes les écoles primaires et secondaires du Québec".

"La littérature québécoise, de Louis Hémon à Kim Thúy, en passant par Michel Tremblay, regorge de grandes œuvres qui ont contribué à nous définir comme Québécois, et qui doivent être transmises entre les générations pour assurer la vitalité de notre différence à l’ère de Netflix et de l’hégémonie culturelle américaine" explique le texte.

Une proposition "naïve" selon la professeure au cégep de l’Outaouais Karine Cellard, citée dans Le Devoir : "La littérature, c’est tellement complexe, polysémique. C’est vraiment réducteur de penser qu’une liste nationale de livres va créer un sentiment national chez les étudiants". Le sociologue de la littérature Michel Lacroix et professeur à l’UQAM y voit un dessein politique et nationaliste : "On vise clairement là une littérature au service de la patrie." Dans le journal La

Réactions mitigées

Les jeunes du parti politique affirment pourtant qu'"En sélectionnant des grandes œuvres littéraires que tous les élèves du Québec seront appelés à lire, on assurera mieux que jamais la vivacité de notre culture". Et d'ajouter : "Ces livres importants, qui ont contribué à édifier l’identité québécoise comme on la connaît aujourd’hui, méritent d’être lus par les plus jeunes, afin de les aider à comprendre tout le chemin parcouru dans notre histoire singulière. Avec un cursus littéraire commun, l’école québécoise sera plus à même de remplir sa mission de transmettre un héritage aux citoyens de demain."

Si le Parti québécois, souverainiste, accueille favorablement cette proposition, elle demande que ce ne soit pas une liste fermée, mais plutôt un corpus où les enseignants feraient son choix. En revanche, le Parti libéral du Québec et Québec solidaire ne sont pas favorables à cette sélection, qui risque d'exclure des œuvres importantes et d'enfermer les lecteurs dans un carcan. Au Québec, les enseignants ont toute liberté dans le choix des œuvres lues en classe, et plus de la moitié doivent être obligatoirement être québécoises.

Dans le journal La Presse, la collégienne Kamylia Bélanger témoigne : "Je dois avouer qu’en tant qu’élève de cinquième secondaire, je suis partagée. Je suis d’avis que les enseignants, qui connaissent leurs élèves, sont plus en mesure de choisir des livres adaptés aux goûts des étudiants. Si une liste plutôt restrictive est mise en place, je crois que le goût de la lecture pourrait disparaître chez les jeunes si les romans ne sont pas intéressants."

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