7 septembre > Roman France > Jean-Pierre Montal

Une belle bande de bras cassés, les Varlin père et fils… Une collection d’orgueils masculins égarés. A commencer par le "pater familias", Claude, chef d’entreprise stéphanois à la retraite, dont la raideur morale (il dirait rectitude) est d’abord une sécheresse du cœur. Il y a aussi, échappés du peloton en matière d’égarements, les deux fils : Pierre, l’aîné, la quarantaine, divorcé, "nègre" dans l’édition à Paris, et Charles, le cadet, qui sans boulot ni femme, est retourné chez papa pour cultiver à loisir sa misanthropie et ne plus croire qu’aux aubes incertaines de groupuscules post-situs.

Lorsque Claude, 70 ans, demande à ses fils de retrouver sa sœur Gilberte, d’un caractère peut-être plus affirmé encore que le sien, avec qui il n’a plus de contacts depuis de nombreuses années, seul Pierre accédera à sa demande. Ce sera pour lui comme ouvrir la boîte de Pandore et l’objet d’un double et périlleux retour. Vers les lieux de l’enfance d’abord, cette ville de Saint-Etienne comme à jamais endeuillée de feu sa gloire industrielle, et plus tard, footballistique. Et vers les fantômes de la jeunesse surtout, ces années 1980 où se noua son destin autour d’une boîte de nuit, le "Vertige", de quelques-uns de ses piliers, au premier rang desquels son oncle, "Jeanji", personnage trop grand pour l’étroitesse provinciale, de la découverte à jamais enchantée de la new wave anglaise.

Comme son mélancolique héros, ce Pierre qui ne peut tout à fait se résoudre à voir se refermer sur lui le champ des possibles, Jean-Pierre Montal est stéphanois. Et ce roman, Les leçons du Vertige, son deuxième après Les années Foch (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), plus parisien rive droite, prouve qu’en matière de "regretteur d’hier" il est déjà un chef de file. Le bougre ne se contente donc pas d’éditer de bons livres à l’enseigne de la Rue Fromentin, il en écrit aussi, quelque part ici entre Modiano et les premiers romans de Michka Assayas. Tout sonne juste dans ces pages, même la tristesse, même la violence, et Montal laisse à d’autres la vulgarité des points sur les i. O. M.

Les dernières
actualités