Bande dessinée

Riad Sattouf se retire de la liste des nommés pour le Grand Prix d’Angoulême

Riad Sattouf. - Photo O. Dion

Riad Sattouf se retire de la liste des nommés pour le Grand Prix d’Angoulême

L’auteur de bande dessinée vient d’annoncer sur son profil Facebook qu'il ne veut plus faire partie des 30 nommés pour le Grand Prix du Festival international de la bande dessinée en raison de l’absence de femmes dans la sélection qui suscite de nombreuses autres réactions.

Par Agathe Auproux,
Créé le 05.01.2016 à 20h18 ,
Mis à jour le 06.01.2016 à 17h22

"Bonjour ! ?J'ai découvert que j'étais dans la liste des nominés au grand prix du festival d'Angoulême de cette année. Cela m'a fait très plaisir ! Mais, il se trouve que cette liste ne comprend que des hommes. Cela me gêne, car il y a beaucoup de grandes artistes qui mériteraient d'y être", écrit sur son profil Facebook Riad Sattouf, dont le nom figure sur la liste des auteurs de bande dessinée en compétition pour le Grand Prix du 43e FIBD, annoncée mardi 5 janvier. La manifestation se tiendra cette année du 28 au 31 janvier.

En lice pour le Grand prix d'Angoulême: 30 hommes, 0 femme. Pour cette raison, l’auteur de L’arabe du futur (Allary) explique qu’il préfère "céder sa place à, par exemple, Rumiko Takahashi, Julie Doucet, Anouk Ricard, Marjane Satrapi, Catherine Meurisse" et demande "à être retiré de cette liste, en espérant toutefois pouvoir la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire!".

Riad Sattouf a remporté l’an dernier le Fauve d’Or – Prix du meilleur album du 42e FIBD – pour L’Arabe du futur, tome 1 (Allary), distinction pour laquelle il est de nouveau en compétition dans la sélection officielle 2016 du 43Festival avec le tome 2 de L’Arabe du futur, tout en figurant dans la liste pour le Grand Prix.
 
Des réactions d'indignation

En réaction à la publication de cette sélection polémique, soumise au vote des auteurs du 5 au 13 janvier, un hashtag pullule sur Twitter, #WomenDoBD, à travers lequel les internautes partagent leur indignation ou des exemples de bande dessinée écrites par des femmes qu’ils ont particulièrement appréciées.
 
Egalement, sur le blog www.bdegalite.org, tenu par le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, les femmes du milieu s’expriment dans un billet posté suite à la publication de la liste: "Nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes", peut-on lire sur le post intitulé FIBD : Femmes Interdites de Bande Dessinée, dans lequel elles appellent leurs confrères "au boycott du Grand Prix 2016".

Un prix "honorifique" à "l'impact économique évident"
 
En 2015, le Grand Prix du Festival d’Angoulême a été attribué au mangaka Katsuhiro Otomo. Jusqu'à présent, seule une femme, Florence Cestac, a été distinguée, en 2000, par cette récompense ultime. Claire Bretécher, a obtenu par ailleurs un "Grand prix du dixième anniversaire" en 1983, année où le Grand Prix du Festival a honoré Jean-Claude Forest.

Le collectif des auteurs femmes de BD rappelle que "par le Grand Prix d’Angoulême la profession distingue l’un.e d’entre nous pour sa carrière. Ce prix n’est pas seulement honorifique, il a un impact économique évident : les auteur.e.s vont être mis en avant médiatiquement, la distinction aura un impact sur la chaîne du livre dont bénéficieront libraires, éditeurs… et l’auteur.e primé.e. Nous demandons tout simplement une prise en compte de la réalité de notre existence et de notre valeur".

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