Bande dessinée

Sepideh Jodeyri, traductrice du "Bleu est une couleur chaude", menacée en Iran

Sepideh Jodeyri. - Photo Mostafazizi

Sepideh Jodeyri, traductrice du "Bleu est une couleur chaude", menacée en Iran

La poétesse iranienne Sepideh Jodeyri, qui a traduit Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, adaptée au cinéma sous le titre La vie d'Adèle par Abdellatif Kechiche, est victime de censure et de menaces dans son pays, où l’homosexualité est punie par la loi. 

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Par Pierre Georges
Créé le 17.02.2015 à 18h24 ,
Mis à jour le 17.02.2015 à 21h24

En Iran, la parution en langue persane de la bande dessinée de Julie Maroh Le bleu est une couleur chaude (Glénat), adaptée au cinéma par Abdellatif Kechiche sous le titre La Vie d’Adèle, a provoqué la colère des milieux conservateurs, et la poétesse Sepideh Jodeyri, qui a traduit l'album depuis l’Europe pour les éditions Naakojaa, basée en France, s’est vue menacée, notamment par plusieurs médias religieux iraniens.
 
“Sepideh Jodeyri soutient l’homosexualité… Comment pouvons-nous laisser une telle personne publier en Iran ?”, s'insurge le site conservateur iranien Aviny film. Le travail et le nom même de la poétesse sont bannis par la censure de son pays d’origine.
La couverture de l'ouvrage "Le Bleu est une couleur chaude" traduit en persan.


"Je vis en République Tchèque. Au moment de la traduction, ma vie n’était pas soumise aux lois de l’Iran mais à celles de l’Europe. J’ai donc réfléchi en tant que femme libre, se défend Sepideh Jodeyri dans une interview à Mademoiselle.com. Bien sûr, je me suis dit qu’il y aurait peut-être des réactions. Mais je ne pensais pas qu’elles seraient aussi fortes. D’abord parce que le livre a été publié par un éditeur iranien mais à Paris, ensuite parce que le nouveau gouvernement d’Iran, celui d’Hassan Rohani (en place depuis août 2013), est un peu plus modéré que celui de Mahmoud Ahmadinejad".
 
C’est Julie Maroh, l’auteure française de la bande dessinée d’origine, qui a alerté l’opinion par une note publiée sur son blog. "Il m’est insupportable qu’on laisse passer de tels événements sous silence. C’est une atteinte de plus cette année, cette vie, à notre liberté d’écrire, de lire, de communiquer et par-dessus tout d’aimer, écrit-elle. En Iran comme ailleurs, de nombreux homosexuels sont profondément choqués de ce lynchage médiatique, atteints dans leur chair, mais aussi tous ceux qui perçoivent la gravité de ces événements”.

Julie Maroh, contactée par Livres Hebdo, précise qu'à sa connaissance, "aucun autre incident ne m'a été rapporté pour les éditions étrangères. Même pour l'édition russe". 
 
En Iran, depuis la révolution de 1979, la République islamique condamne toute relation autre que celle d’un homme et d’une femme mariés, et l’homosexualité est passible de peine de mort. La mention même d’homosexualité, taboue, est prohibée.

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