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Teulé : « Je ne quitterai jamais Julliard »

Teulé : « Je ne quitterai jamais Julliard »

Jean Teulé, auteur du Montespan, qui écrit des romans sans en lire, vit le succès comme un miracle qui dure.

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avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 11.10.2013 à 23h52

Livres Hebdo - Vous transformez en best-sellers des histoires abominables...

Jean Teulé - Le succès vient peut-être pour de mauvaises raisons : mon sadisme inconscient, ou celui des lecteurs. Après chaque livre, je me dis : « Je trouve quelque chose de plus gai. » Et je replonge. Mon roman le plus optimiste s'appelle Le magasin des suicides !

Betty Mialet et Jean Teulé.- Photo OLIVIER DION

Votre dernier roman, Fleur de tonnerre, n'échappe pas à la règle. Comment en avez-vous eu l'idée ?

Par hasard, comme pour les autres. Je me suis souvenu du goût de ma mère pour les faits divers et j'avais envie d'écrire un livre sur une femme du passé. Et puis, lors du festival Etonnants voyageurs 2011, où je faisais la promotion de Charly 9,le représentant Julliard pour la Bretagne, qui habite à Rennes, m'a fait goûter le « gâteau d'Hélène Jégado, l'empoisonneuse », mais « garanti sans arsenic » ! Ma curiosité piquée, je me suis renseigné sur cette femme, qui a tué une soixantaine de personnes et a fini guillotinée en 1852, un 26 février, jour de mon anniversaire. Ce sujet m'attendait !

Comment travaillez-vous ?

Lorsque je commence un roman, je fais lire le début, puis le premier tiers, à Miou(-Miou), ma compagne, qui est une grande lectrice, et à Bernard Barrault. Lesquels sont d'ailleurs toujours d'accord ! J'écoute leurs avis. Dans une certaine mesure. S'ils valident le départ, je continue, et je ne donne le texte à lire à Bernard qu'à la fin.

Vous a-t-il déjà refusé un manuscrit ?

Non jamais. Même quand il n'était pas totalement convaincu par un livre. Dès leur arrivée chez Julliard, Bernard et Betty m'ont fait confiance, m'ont permis de vivre après avoir quitté mon travail à Canal+ en 1997, et ont perdu de l'argent avec moi jusqu'à O Verlaine !. Julliard s'est rattrapé ensuite, et c'est justice !

Qu'est-ce que le succès a changé pour vous ?

Pas grand-chose. Je ne sors jamais, je n'aime pas le luxe, je n'ai aucun hobby. Je ne m'intéresse à rien d'autre qu'à l'écriture. J'ai commencé par la BD, sans en lire. J'ai travaillé à la radio et à la télé sans l'écouter ni la regarder. J'écris des romans sans en lire. Je préfère les ouvrages où j'apprends des choses. La vraie différence, c'est quand, moi qui ai vécu avec le Smic, je reçois mon chèque annuel. Je suis l'anti-Depardieu, très heureux de payer 50 % d'impôts ! Je vis ça très tranquillement, comme un miracle qui dure. Et si ça ne dure pas, ce n'est pas grave, j'aurai déjà vécu tout ça.

Après le succès phénoménal du Montespan, de nombreux éditeurs vous ont approché ?

Tous, bien sûr ! Mais il n'est pas question, tant que Julliard continuera, que je signe ailleurs, même pour une « excursion » dans une collection. Ce serait stupide et indécent. Je refuse même les piges dans la presse.

Quel sera votre prochain livre ?

Je l'ignore. Je travaille « à flux tendu ». Je n'ai aucun manuscrit d'avance. Chaque livre que j'écris, j'ai l'impression que ce sera le dernier. En général, en vieillissant, on a de plus en plus de mal à écrire. Et je vais avoir 60 ans le 26 février...

Vous intéressez-vous à toutes les adaptations de vos livres, en BD, au théâtre, au cinéma ?

Bien sûr, mais je ne m'en occupe pas. Je ne demande pas à relire les scénarios, je ne vais pas aux répétitions. J'aime trop la liberté pour imposer quoi que ce soit aux autres, quitte à être déçu. C'est la règle du jeu. Une fois publié, mon livre ne m'appartient plus.

Même pour le film Arrêtez-moi, adaptation des Lois de la gravité, qui vient de sortir en salle, et où joue Miou-Miou aux côtés de Sophie Marceau, vous n'avez pas été plus présent ?

Pas du tout. J'aime beaucoup ce film, que j'ai vu en spectateur. J'avais un fantasme, que Miou joue dans un film d'après un de mes livres. C'est fait. Maintenant, je songe à écrire une pièce pour elle.

Fleur de tonnerre, Jean Teulé, Julliard, ISBN : 978-2-260-02042-4, tirage : 100 000 exemplaires, en librairie le 17 mars.

11.10 2013

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