Pendant près de quatre ans au JDD j’ai eu la chance de recevoir toutes les semaines la chronique de Jorge Semprun que je voyais une fois par mois. D’autres diront la qualité de son œuvre, son engagement, sa rigueur. Je veux me souvenir d’une de nos dernières rencontres. Habitant non loin des éditions Gallimard, Jorge raccompagnait ses hôtes jusqu’à la porte de son immeuble qui n’avait pas de concierge. Et souvent nous finissions notre conversation, lui sur le pas de la lourde porte, moi sur le trottoir. Un jour de grand soleil, tout en parlant, je détournais le regard un instant à ma droite l’œil accroché par une femme magnifique. Revenant vers ses yeux je le vis suivre, à son tour, la magnifique silhouette passée à ma gauche. Puis ses yeux revinrent vite vers les miens comme un enfant pris en flagrant délit de désir et nous éclatâmes de rire. A toi Jorge !