Ce beau livre est bien plus que le catalogue de l’exposition "Frankenstein, créé des ténèbres", présentée à la fondation Martin-Bodmer à Cologny, en Suisse, en partenariat avec la Bodleian Library d’Oxford, du 13 mai au 9 octobre. Sa partie catalogue présente un ensemble de documents exceptionnels, en particulier les manuscrits de la première version du Frankenstein de Mary Shelley, celle de 1816-1817. Elle présente ses éditions originales, notamment française, dès 1821 et des chapitres consacrés aux autres protagonistes de cette histoire, de cette création "familiale" : Percy Shelley, futur mari de Mary, Lord Byron, à qui revient l’idée de départ, et John Polidori, son médecin, auteur d’un conte, The vampyre, publié en 1819 à Londres, que des éditeurs peu scrupuleux attribuèrent à Byron seul, puis aux deux amis associés, avant d’en restituer la paternité au seul Polidori. Mais ce livre est un vrai ouvrage d’histoire littéraire, avec des études thématiques fouillées, sous des angles parfois inédits.
Frankenstein est né à Cologny, dans une villa aujourd’hui détruite, à l’été 1816. Un été lugubre où l’on s’ennuyait ferme. Aussi Lord Byron eut-il l’idée d’un concours d’écriture, avec ses amis Percy Shelley, Mary future Shelley et John Polidori : chacun devait écrire une histoire d’horreur originale. Seule Mary persévéra et accoucha d’un chef-d’œuvre. Frankenstein, or The modern Prometheus, considéré comme la première œuvre de science-fiction moderne, paraîtra en 1818, en trois volumes, tirée à 500 exemplaires. Elle est si célèbre que bien des gens croient que ce nom est celui de la créature, alors que c’est celui de son créateur. Le roman, lui, demeure insurpassé. J.-C. P.
