30 août > premier roman France > Timothée de Fombelle

Timothée de Fombelle n’est pas un débutant. Auteur de théâtre et de romans pour adolescents dont les deux diptyques best-sellers internationaux Tobie Lolness, son premier roman publié à 33 ans en 2006, et Vango (2010), parus chez Gallimard Jeunesse, il est connu de milliers de jeunes lecteurs. Mais Neverland, au titre hommage explicite au Pays imaginaire de Peter Pan, et où il part à la "chasse à l’enfance", se présente comme son premier récit "destiné aux adultes". Ce livre de l’enfance est un texte bref à la fois abstrait, allégorique et organique puisque, écrit-il, "l’enfance n’habite pas la mémoire. Elle habite notre chair et nos os." Et s’il réanime des épisodes charnières de la sienne, qui apparaît par éclats, heureuse et enchantée, son ambition est plus haute : il cherche ici "l’enfance absolue, la source commune, l’eau violette des origines".

Pour Timothée de Fombelle, l’enfance est un lieu perché. Un "jardin suspendu" au-dessus d’une plaine "tout en bas, c’est le pays des lendemains : le pays adulte". Elle vit pour toujours dans une grande maison de famille, celle des grands-parents sur une île de la Sèvre nantaise, à 350 kilomètres à l’ouest du domicile parisien. Un royaume de conte, verdoyant et aquatique. Un sanctuaire de liberté.

Neverland n’est pas une collection de chromos nostalgiques même si l’écrivain ouvre des classeurs et des boîtes étiquetées il y a près de quarante ans "vie familiale, bonheurs et tristesses" ou "souvenirs inestimables", même s’il fait l’inventaire du "tiroir sud" du bureau des parents, celui de la commode dans la chambre des grands-parents. L’écrivain qui dit avoir quitté l’enfance "à petits pas" remonte vers elle en traquant les points de passage, comme ce jour où son grand-père lui a demandé d’écrire à sa place un mot pour les 80 ans de son plus vieil ami. Une mission qui a fait prendre conscience au tout jeune adolescent que ce flamboyant grand-père était mortel. "Je n’ai jamais essayé de retenir l’enfance ou de m’y attarder. J’ai simplement voulu faire grandir l’enfant en moi, le faire progresser, en le gardant vivant." Pour ainsi honorer jusqu’au bout le serment de ne jamais renoncer à l’imaginaire. V. R.

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