18 AVRIL - BIOGRAPHIE France

Il a été de Gaulle. Et Freud. Ou encore Charles de Foucauld ou bien Jean Genet. A l'avant-scène parfois, ou comme une ombre qui passe dans le lointain trop souvent, il était de ces comédiens que l'on n'oublie pas. Maurice Garrel (1923-2011), c'était une gueule, une voix, une présence. Un truc impalpable que, faute de mieux, l'on nommera le charisme et dont le plus souvent les metteurs en scène ne surent que faire ou ne voulurent pas s'encombrer.

Quelques mois après sa mort, après une vie passée à traverser son siècle, de Monte Cassino aux faubourgs ouvriers de Montrouge, Maurice Garrel revient, dans un de ces livres qui prouve que, s'il n'y a pas de meilleur outil de compréhension du mystère d'un homme que la littérature, il n'y a également pas de biographie qui vaille qui ne s'envisage par la bande, par les chemins de traverse de la conversation et des souvenirs. Des types comme ce vieil acteur énigmatique appellent le chacun pour soi. Ici, c'est une des plus fines plumes de la cinéphilie hexagonale, Jacques Morice, journaliste à Télérama, qui s'y colle. Avec bonheur. Son Maurice Garrel, le veilleur est une biographie en deux parties : la première serait comme un tombeau pour un homme très admiré ; la seconde restitue presque charnellement la voix du comédien déroulant le fil de ses souvenirs. Et à l'évocation discrètement mélancolique de l'un répond la force du témoignage de l'autre dans son intelligence, dans sa vitalité, voire dans son acidité ("Delphine Seyrig ? Vivre avec un imbécile, ce n'est pas un signe de grandeur. Avec Sami Frey, ce beau ténébreux qui a des petites mains, des petits bras, ils étaient apprêtés, tous les deux. Des précieux ridicules. Seyrig était entièrement fabriquée. [...] Elle est partie ensuite en Amérique, elle y a vu tous les films de Garbo et elle l'a imitée après. C'était son destin. Sublime et ridicule"). Maurice Garrel n'était pas un saint. C'était un grand vivant. Dans les pages de ce livre, il l'est encore.

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