4 novembre > nouvelles Etats-Unis

On dit qu’il a "posé les jalons d’une nouvelle constitution poétique américaine" ; Walt Whitman demeure une légende outre-Atlantique. Un romancier comme Michael Cunningham ne cesse de s’inspirer de ses vers immortels. Et pour cause, l’auteur de Feuilles d’herbe, publié en 1855, fait partie des classiques.

Son parcours atypique se reflète dans ses textes au réalisme esthétique. Issu d’un milieu précaire, il est obligé de quitter l’école à 12 ans. Il devient alors un "typographe passionné" puis "l’écrivain qui a célébré la matérialité des mots". Installé à New York, il retrouve son Long Island natal pour exercer le métier d’instituteur, mais sa plume le titille. Whitman compose plusieurs nouvelles entre 1832 et 1842. Autant de mini-merveilles qu’il a censurées, tant il avait honte de ses débuts "infantiles". Lui qui se voulait "l’incarnation de l’homme nouveau" y dévoile pourtant les bourgeons de sa pensée. Dépeignant une Amérique rongée par la misère, la guerre ou l’alcool, il décrit les petites gens et la nature avec minutie. Ses héros courent gracieusement à la catastrophe. "Une femme usée" erre entre deux sépultures dans "Fleurs de tombes", un titre de toute beauté pour un "témoignage d’amour, tel un esprit de lumière dans l’obscurité". Le poète détonne par son écriture littéraire et moderne. Ses phrases courtes et imagées claquent comme le fouet de la première nouvelle.

La postface, signée par la traductrice Pauline Choay-Lescar, nous éclaire quant à ce sens de la description, parfois ponctuée d’un ton moralisateur, annonçant un tempérament idéaliste et humaniste. Chez Whitman, la violence est sournoise. Elle peut provenir de la nature ou des hommes, changer un destin en un revers de main, un seul son de violon. Kerenn Elkaïm

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