Action ou vérité. Maud, la narratrice, est une « mauvaise joueuse », depuis toujours. Addicte à tous les jeux et compétitrice comme si sa vie en dépendait. Elle tient ça de son père, qui l'a élevée en « garçon manqué » après son divorce. Elle avait 9 ans. Elle en a aujourd'hui une trentaine. Elle vit dans la région de Saint-Nazaire, en couple avec Yann, qu'elle a rencontré dans un bar à jeux d'échecs. Une vie sans histoire en apparence. Mais, chez Victor Jestin, il faut se méfier du calme qui précède la tempête et des personnages a priori sans aspérités. On le sait depuis La chaleur (Flammarion, 2019), son formidable premier roman.
Ici encore, c'est un accident qui va tout faire basculer. Un soir, alors qu'elle joue à Candy Crush tout en conduisant, Maud percute quelque chose : animal, être humain ? L'a-t-elle tué ? Dans le doute, au lieu d'adopter un comportement rationnel (appeler Yann, prévenir la police...), elle prend peur, panique totalement. S'ensuit une dérive de deux jours, où, sans portable, elle ne donne de nouvelles à personne, sillonne de manière erratique la région, passant par Saint-Nazaire, Nantes (d'où est originaire Jestin lui-même) et le village de son enfance, tout en s'adonnant à tous les jeux possibles (bowling, fléchettes, échecs, volley-ball, et même grilles à gratter), au fil des souvenirs douloureux qui reviennent la hanter. Finira-t-elle par recouvrer la raison, rentrer chez elle et assumer ses éventuelles responsabilités ?
On ne le dévoilera pas, laissant à Victor Jestin la maîtrise de son intrigue, avec ses non-dits, ses ambiguïtés, son approche subtile d'un personnage en tension, sur le fil, sur le point de basculer dans une sorte de délire ludique.
La mauvaise joueuse
Flammarion
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 18 € ; 153 p.
ISBN: 9782080469151