Œuvres/Royaume-Uni 23 mai Oscar Wilde

Le plus grand écrivain anglais de la fin de siècle est irlandais. Ou plutôt anglo-irlandais, ces gens de l'Ile d'Emeraude de confession protestante, souvent d'ascendance anglaise ou écossaise, et fidèles à la couronne britannique. Oscar Wilde, né à Dublin en 1854 et mort à Paris en 1900, est de ceux-là, comme avant lui Jonathan Swift. Le dandy est plus anglais que les Anglais, l'un des meilleurs représentants de leur wit, cet humour véloce aux flèches acérées. Dans le même temps, il est d'une redoutable mordacité à l'égard de l'Angleterre victorienne engoncée dans son conformisme moral et esthétique. C'est un moraliste amoral, le prince des paradoxes. Il rit des lords et des ladies. Et ces grands seigneurs, dupes de sa malice, de rire avec lui. L'éventail de lady Windermere, Un mari idéal, L'importance d'être constant... Dans les années 1890 Oscar Wilde est une étoile coruscante au firmament du théâtre. Il est aussi l'auteur du sulfureux Portrait de Dorian Gray, son unique roman, avec une préface qui vaut manifeste : « Il n'existe pas de livre moral ou de livre immoral. Un livre est bien écrit ou mal écrit, un point c'est tout. »

Oscar a trouvé son Dorian Gray, l'Adonis de sa fiction, en la personne du jeune lord Alfred Douglas qui sera son amant et sa damnation. La loi punit sévèrement l'homosexualité. Fort de sa notoriété, Wilde pense s'en sortir ; le voilà condamné aux travaux forcés, vilipendé, ruiné. En prison, il produit encore deux chefs-d'œuvre : le long poème La ballade de la geôle de Reading et De profundis, une lettre à l'amant ingrat, « Bosie », qui ne lui avait pas adressé une seule ligne depuis ses deux ans de captivité.

Rien n'est vrai que le beauréunit ici en un seul volume préfacé par Pascal Aquien-à qui l'on doit des travaux sur l'auteur irlandais, notamment une biographieOscar Wilde : Les mots et les songes(Aden, 2006)-un choix de lettres et de contes, dont les « contes parlés » recueillis auprès de dépositaires du verbe wildien par Guillot de Saix et publiés en 1942). Sous influence d'Andersen mais aussi d'un atavique imaginaire gaélique, mâtiné du goût de l'époque pour le folklore, Wilde trahit dans ces histoires censément pour enfants l'art du conteur tout autant que l'œil de l'esthète. « L'anniversaire de l'Infante », « Le rossignol et la rose », c'est souvent cruel, cynique, sans morale, car le cœur des hommes selon l'écrivain n'est pas spécialement bon. Cruauté de la société qu'Oscar Wilde, détenu, ne se privera pas de dénoncer dans sa correspondance, laquelle suscitera l'émoi des politiciens et les incitera à réformer le régime pénitentiaire. 

Oscar Wilde
Rien n’est vrai que le beau : œuvres choisies, lettres - Préface de Pascal Aquien - Les textes sont annotés et traduit par différents traducteurs
Gallimard
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 29 euros ; 1 248 p.
ISBN: 9782072833458

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