Montreuil

Jeunesse: le numérique s'éclate!

Claude Combet

Jeunesse: le numérique s'éclate!

Les rencontres Transbook du Salon de Montreuil le vendredi, sont l’occasion de faire le point sur les projets numériques des acteurs jeunesse, qui peinent toujours à trouver leur économie. Interactivité  et implication des parents sont les maîtres mots de l’édition 2017.
 

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Par Claude Combet, Montreuil
Créé le 01.12.2017 à 21h00

La 4e conférence "From paper to screen" du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil organisée le vendredi 1er décembre 2017 dans le cadre du projet de coopération européenne Transbook et animée par Terence Mosca (TM Consulting), a fait le plein. Intitulée "Ecritures interactives pour la jeunesse : success stories", elle avait choisi de présenter des réalisations numériques en mettant l’accent sur la création, et en donnant la parole aux auteurs et illustrateurs, et aux studios qui ont développé les projets. Texte "déroulant" dans l’application A distant journey du studio yip yip (Pays-Bas), applications interactives d’Ocho Gallos (Mexique), réalité virtuelle dans l’application Mur du studio scandinave Step in books, et réalité augmentée étaient bien présentes. Mais au delà des prouesses techniques, c'est le côté interactif et l'implication du jeune lecteur qui sont désormais au cœur des préoccupations.
 
Le rôle des parents

"Il faut travailler l'interactivité pour que l’enfant devienne créateur de l'histoire" a déclaré Alfonso Ochoa, de la maison mexicaine Ocho Gallos, qui propose des applications dans lesquelles l’enfant créé sa propre histoire avec Arbol con Patas ou ses propres illustrations avec Portraits robots et "l’anti-app" nommée avec humour, Ca suffit avec cette tablette. "L’application est prévue pour être partagée en famille et sur les réseaux sociaux. Nous nous sommes concentrés sur l’illustration mais la version 2 devrait intégrer la possibilité de mettre son texte. Nous sommes aussi en discussion avec des entreprises d’impression à la demande pour en faire des livres papier" a-t-il ajouté.
"Quelle est la place des parents quand l’enfant s’empare de la tablette ? C’est important aussi que les parents puissent jouer un rôle et intervenir sur le médium. L’application Mur répond à ce souci, auquel nous sommes très sensibles chez Bayard" précise dans la salle Elena Iribarren, directrice de collection studio numérique Bayard Jeunesse-Bayam. Tandis que Alfonso Ochoa insistait sur le dialogue parents-enfants qu’instaure ses applications.  
 
Présentation des éditions de la Pastèque- Photo CLAUDE COMBET
Le projet "Tout garni" des éditions de la Pastèque, l'éditeur québécois de BD et de jeunesse doublement primé par le Grand prix de la critique ACBD, a bluffé les participants. Composé de "douze surprises numériques", dévoilées au rythme d’une par mois, sur un scénario écrit par André Marois, avec douze illustrateurs, chacun ayant utilisé la technologie de son goût : BD qui défile, mapping sur la bibliothèque, jeu de basket sur le téléphone, selfies avec des célébrités sur Instagram, jeu vidéo, réalité virtuelle, etc.

"On apprend à chaque réalisation. On développe actuellement Good night everyone, la dernière application en réalité virtuelle de Chris Houghton sur téléphone" explique Egmont Mayer, du studio Red Rabbit, installé à Shanghaï en 2012, dont les 10 personnes ont réalisé 8 applications pour la jeunesse. Le singe jouant du jazz de Hot monkeys (2014), réalisée avec Chris Haughton a fait rire l’assistance. "La BBC développe aussi beaucoup mais il n’y a pas de marché" constate-t-il.

Le modèle économique toujours fragile

Les éditeurs et producteurs sont toujours en quête du modèle économique du numérique, qui n’existe toujours pas – les applications étant le plus souvent gratuites –. "Nous avons réussi à monter l'opération grâce à la subvention de 125 000 dollars canadiens, soit 80 000 euros de la Sodec, l’équivalent du CNC (sur un budget total de 165 000 dollars canadiens) mais ça ne nous rapporte rien. Le projet nous a fait connaître et nous a permis de toucher de nouveaux publics qui ne vont pas en librairie" explique la productrice Vali Fugulin. Mur, récompensé notamment à Bologne, a été vendu dans 8 pays mais souligne Aksel Koie, "les applications sont difficiles à vendre car il faut utiliser un code, ce qui complique l’utilisation. Si les utilisateurs aiment l’application, ils achètent le livre, nous sommes donc rémunérés sur les livres".
 
"Parce qu’elles mobilisent la créativité du lecteur, lui permettent de proposer images et textes, lui permettent d’investir l’espace avec la réalité virtuelle tant privé que public, le numérique induit véritablement de nouvelles formes de narration" a conclu l'auteur Benjamin Hoguet, témoin de cette 4e et dernière session du projet Transbook, financé avec l’aide de la communauté européenne.

Mais Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil entend bien poursuivre l’expérience Transbook. "Nous ne savons pas encore sous quelle forme mais nous allons re-déposer un dossier de demande, vu l’affluence pour cette édition".  
 
 

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