Enquête

Polar : marché en tout genre

Quais du polar - Festival Quais du polar 2023 - Photo Olivier Dion

Polar : marché en tout genre

Le cosy crime s'essoufflant, le true crime peinant à convaincre un large lectorat, le polar se cherche de nouvelles recettes, sous le signe de l'évasion. Et n'échappe pas à la vague de la romance, même si les tentatives restent timides. État des lieux du secteur, à l'occasion de la 20ᵉ édition de Quais du Polar, qui se tient à Lyon du 5 au 7 avril. 

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Par Sylvie Fagnart
Créé le 04.04.2024 à 10h50 ,
Mis à jour le 04.04.2024 à 17h43

La contraction n'est pas encore douloureuse. Mais elle atteste de la clôture définitive de la « parenthèse enchantée » qu'a constituée la crise sanitaire. Avec une baisse en volume de 0,4 %, le segment des polars limite néanmoins la casse, du fait des hausses de prix décidées par nombre d'éditeurs en 2023. En valeur, les ventes montrent encore une hausse de 6,7 %. « Le tassement des ventes concerne même les auteurs qui fonctionnent bien », alerte Anne Michel, éditrice de littérature étrangère chez Albin Michel, qui se félicite a contrario de la relance des ventes du dernier opus de Lisa Gardner : +40 % pour L'été d'avant, paru en janvier, par rapport au précédent, Au premier regard, sorti en début d'année dernière.

« 2023 a été marquée par un investissement accru dans le polar par la plupart des éditeurs, analyse Sofia Bengana, directrice des Presses de la Cité. Le risque de surproduction nous oblige à nous montrer encore plus sélectifs. » Et notamment dans le cosy crime, sous-genre surexploité depuis le phénomène Agatha Raisin de M. C. Beaton, dont le premier volume a paru chez Albin Michel en 2016. Les têtes d'affiche continuent à tirer leur épingle du jeu, telle Julia Chapman et le neuvième volume de ses Détectives du Yorkshire, Rendez-vous avec la justice, sorti en décembre. « Nous en sommes à 17 000 exemplaires vendus en trois mois », indique son éditrice chez Robert Laffont, Camille Racine. Un intérêt porté par l'effet « fin de série » : l'autrice a annoncé que Les détectives du Yorkshire prendraient leur retraite après dix enquêtes.

Aucune série récente ne semble toutefois en mesure d'égaler les reines du cosy, confirmant son essoufflement. Et le true crime, en vogue dans les parutions depuis deux ou trois ans, ne prendra pas le relais. « Les ventes sont très compliquées sur le fait divers, même si on voit des épiphénomènes », constate Camille Racine, qui a pris les rênes de La Bête noire, depuis le départ de Glenn Tavennec au Seuil.

Âge de la maturité

Dépourvu désormais de recettes infaillibles, le genre se cherche. Et ce n'est sans doute pas un hasard, alors qu'on fête le vingtième anniversaire du festival Quais du polar. Vingt ans qui ont vu la renaissance du polar à la française. L'âge de la maturité.

« Le renouvellement du genre, c'est la question du moment », confirme Clémentine Thiebault, qui vient de prendre la tête d'Hugo Thriller. Sa feuille de route : « Redessiner en profondeur la collection », indéniablement un des signaux faibles de cette quête de transformation. Loin de « ce qu'on ne veut plus lire dans le thriller, comme les violences faites aux femmes racontées avec complaisance et voyeurisme », selon celle qui est aussi l'autrice d'un Voyeur !, à paraître en avril à La Bête noire, chez Robert Laffont, le psychologique permet néanmoins au thriller de résister. L'année 2024 signe le retour, après un an d'absence, du maître français du genre, Guillaume Musso, avec Quelqu'un d'autre, sorti en mars chez Calmann-Lévy. « Du psychologique pur ; c'est le lecteur lui-même qui doit chercher la vérité de l'intime des personnages », pointe son éditrice Caroline Lépée. Mise en place : 500 000 exemplaires, pour celui qui fête cette année vingt ans de best-sellers.

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Glenn Tavennec, directeur éditorial de Verso- Photo OLIVIER DION

« L'accent mis sur la psychologie des personnages est porté par des succès d'édition comme au cinéma », souligne Pierre Fourniaud, directeur de la Manufacture de livres. Illustration : les droits pour Le tableau du peintre juif, de Benoît Séverac, thriller psychologique pénétrant qu'il a publié en 2022, viennent d'être achetés par le producteur d'Anatomie d'une chute. Creusant ce sillon, la Manufacture propose en mars Les loups de Babylone, dans lequel Anne Percin met la finesse de son analyse des caractères au service d'une première incursion dans le polar. Les aficionados de ces plongées dans l'âme humaine seront par ailleurs servis par la sortie, en mai, du nouvel opus de l'auteur du carton La femme à la fenêtre, A. J. Finn, avec Fin de l'histoire, aux Presses de la Cité.

« Les personnages sont plus importants que l'intrigue. Il faut sortir de l'histoire avec l'impression d'une rencontre », tranche Glenn Tavennec. Une attention à la construction psychologique qui profite aussi aux figures d'enquêteur. Exit le flic dépressif, place aux limiers hors des sentiers battus. Comme avec ce policier à moitié crétin, qu'une goutte de sang fait tourner de l'œil, mis en scène dans un premier roman par l'Espagnol Marto Pariente, La sagesse de l'idiot, paru en janvier à la Série noire de Gallimard. Ou avec l'herboriste qui remonte les fils de l'enquête du Jardin des anatomistes, de Noémie Adenis, ou Glory Broussard, la bookmakeuse noire et retraitée, héroïne déjantée de Glory be, de Danielle Arceneaux, à paraître en mai, tous les deux à La Bête noire.

Chacun sa décennie, chacun son siècle

Toujours chez Robert Laffont, une autre héroïne explose les codes. Dans Les dames de guerre, le personnage d'Elizabeth Cole, photographe des pages mondaines de Life magazine, se met sur la piste du meurtrier de son collège, Robert Kovacs, inspiré à l'auteur Laurent Guillaume par Robert Capa. L'histoire entraîne le lecteur dans l'Indochine en guerre des années 1950 et incarne l'importante production cette année de romans replongeant dans le XXe siècle, sous le double signe de l'évasion et de la compréhension de l'époque contemporaine. La Seconde Guerre mondiale reste bien sûr une source inépuisable d'histoires haletantes. Cinq mois de décembre, de James Kestrel chez Calmann-Lévy lève le voile sur un de ses aspects méconnus en France : la bataille du Pacifique.

Large fresque, prenant place dans les années 1930 pour dérouler jusqu'à l'après-guerre, Vine street, de Dominic Nolan, à paraître chez Rivages en avril, s'abreuve quant à lui à l'ADN du roman noir historique, avec son héros, policier du département des mœurs et des night-clubs de Soho. Jugement de la presse britannique : du Ellroy en bord de Tamise. Le géant californien dont Rivages annonce d'ailleurs la « nouveauté secrète » pour septembre. « Du Ellroy vintage », promettent ses éditeurs français Jeanne Guyon et Valentin Baillehache, en guise de mise en bouche. Avant-guerre aussi, Alexandre Courban inaugure, avec son premier roman paru chez Agullo, Passage de l'Avenir, 1934, une série mettant en scène le Paris des années 1930, fondé sur un minutieux travail de recherche historique.

Quant aux décennies qui suivent 1945, « elles délivrent des clés de compréhension de notre époque accidentée », avance Bénédicte Lombardo, éditrice du Cadre noir au Seuil. Avec Les ombres de Oak Island, de Wiley Cash, on revisite la Caroline du Nord des années 1980 et la prégnance du Ku Klux Klan dans le Sud américain, dans un écho très contemporain à l'Amérique dévastée par Trump. Égrenage du temps, les années 1990 servent à leur tour de décor aux suspenses. Michel Bussi a ouvert le bal en janvier avec Mon cœur a déménagé, « une histoire de vengeance et une fresque sociale inédite de ces années-là », décrit Sofia Bengana. Nos armes, de Marion Brunet, a suivi chez Albin Michel, couvrant, des années 1990 à nos jours, vingt-cinq ans d'histoire sociale française.

Si le XXe siècle inspire particulièrement les auteurs, le XIXe n'est pas en reste. Exemples avec Malheur aux vaincus, de Gwenaël Bulteau (à paraître en mai à la Manufacture de livres), « un regard très contemporain sur la IIIe République », selon son éditeur, Pierre Fourniaud ; ou Noir d'encre, de Sara Vallefuoco, qui a pour décor l'Italie naissante, chez Métailié.

Contre-pied à cette plongée dans notre passé proche, Métailié a proposé en mars un ovni noir, Les doigts coupés, nouveau titre d'Hannelore Cayre. L'autrice plonge son intrigue aux temps préhistoriques, renouvelant magistralement la réflexion sur l'origine du patriarcat. En miroir à cette quête de sens dans notre passé, le futur proche fait de la même façon jaillir l'imagination des auteurs de polars. Fin 2023, avec Lux (Albin Michel), Maxime Chattam plongeait ses lecteurs dans les mystères de l'apparition d'une sphère lumineuse, dans un monde en effondrement situé dans quinze ou vingt ans...  C'est ce lendemain qui déchante qu'explore aussi Tempête sur Kinlochleven, dans lequel Peter May, auteur phare du Rouergue, retrouve une Écosse vitrifiée par un froid polaire, en raison de l'inversion des flux marins.

Aussi inspiré par le dérèglement climatique, Hervé Le Corre signe un grand roman dystopique chez Rivages, Qui après nous vivrez. Futur non moins glaçant chez Benjamin Fogel, nouvelle figure du brouillage des genres entre le polar et les littératures de l'imaginaire, là aussi chez Rivages : L'absence selon Camille clôt avec un troisième épisode la série La transparence, où des révoltés combattent un monde dominé par le virtuel. Plus lointain mais tout aussi effrayant, La régulation de Gaëlle Perrin-Guillet prévu au Fleuve en mai, dépeint un monde où seule une poignée d'humains a survécu à un cataclysme.

Avec les temps

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Clémentine Thiébault Hugo&Cie- Photo OLIVIER DION

Passé, présent, futur : en travaillant sur leur fonds, les éditeurs brouillent aussi allègrement les repères temporels. Les textes anciens surgissent dans leur actualité science-fictionnelle et rappellent qu'« on ne peut pas tout réinventer », comme nous le glisse Stéfanie Delestré, directrice de la Série noire. Depuis novembre 2023, certains titres de la prestigieuse collection sont remis sur le devant de la scène, dans un nouveau format, semi-poche, avec de nouvelles couvertures « très typo, à la manière de la Série noire d'origine », précise l'éditrice, et de nouvelles traductions. Après deux titres parus l'hiver dernier, une deuxième salve est prévue en juin 2024 avec Classe tous risques de José Giovanni, La bête qui sommeille de Don Tracy et Brouillard sur Mannheim, de Bernhard Schlink et Walter Popp. Le Masque, de son côté, a lancé début 2024 sa nouvelle collection Le Tour du monde en polars, avec la réédition promise, chaque année, de dix titres du catalogue, se déroulant sur différents points du globe.

Un travail sur le patrimoine aiguillonné par la volonté des éditeurs de conserver les droits sur les ouvrages, qui témoigne aussi d'un désir de présenter autrement des œuvres anciennes par des sélections pointues, comme avec Les iconiques de François Guérif chez Rivages, ou la sélection du Fleuve des incontournables de Frédéric Dard, présentés par des personnalités contemporaines. Après Alain Mabanckou et Anny Duperey en 2023, c'est Bernard Minier qui choisit ses œuvres préférées du prolifique maître du noir. Métailié, de son côté, relance Suites, sa collection de semi-poches, « parce que certains textes méritent d'être défendus autrement », estime Anne-Marie Métailié. Du paratexte vient enrichir les ouvrages, notamment un témoignage sur leurs premières parutions.

Romance partout

Le passé du noir a de beaux jours devant lui. Mais d'où le renouvellement attendu viendra-t-il ? Le polar s'engouffrera-t-il dans la romance, nouvelle martingale de l'édition ? Les éditeurs s'y dirigent à pas prudents, conscients de l'ouverture d'esprit des lecteurs de polars mais aussi du caractère très segmentant de cette nouvelle tendance. Pourtant, « thriller et romance procèdent tous deux du désir de l'auteur de créer une tension chez le lecteur : effrayante ou angoissante d'un côté, romantique ou sexuelle de l'autre », observe Julie Cartier, nouvelle directrice des éditions Fleuve mais également de Chatterley, maison spécialisée dans la publication de romances en tous genres.

Verso, le nouveau label de littératures de genre lancé par Glenn Tavennec au Seuil, fait le pari de ce point d'intersection. « Pour un dépassement du genre par les genres », fait-il valoir. Parmi les premiers titres annoncés, une« killer romance » , comme disent les libraires anglo-saxons : Butcher & Blackbird, de Brynne Weaver, saga à cent à l'heure de l'attraction fatale entre deux serial killers... La mise en place, prévue pour fin mai, est ambitieuse, à 25 000 exemplaires. Plus sérieux, mais mêlant là aussi le suspense à une histoire d'amour, Mission Damas, de David McCloskey met quant à lui le roman d'espionnage à l'heure de la romance. Un premier pas ?

Islande de la tentation

Sillon singulier de la déferlante nordique, le noir islandais présente quelques perles cette année. La jeune Thóra Hjörleifsdóttir et son puissant Magma, paru en janvier chez Agullo, premier roman qui a fait sensation sur sa terre natale.

Chez Actes Sud, dans la collection « Actes noir », sort aussi régulièrement de son créneau identifié scandinave pour proposer la reine du polar islandais, Yrsa Sigurðardóttir, avec Le silence, à paraître en septembre prochain.

Arnaldur Indriðason est revenu cette année encore chez Métailié, avec un retour au roman noir pour Les parias.

Pas de côté parmi ces auteurs islandais : Satu Rämö, qui a connu un énorme succès en Finlande, son pays d'origine, avec Hildur, roman situé en Islande où vit l'autrice. Parution prévue cet automne, chez « Cadre noir », au Seuil.

Quais du Polar a 20 ans : crime anti-âge

Rappel : « En 2004, quand nous avons lancé le festival, les réactions étaient méprisantes. On cantonnait le polar aux bouquins de vacances, pointe Hélène Fischbach, la directrice de l'événement. Même s'il en reste certains qui continuent à avoir une vision caricaturale du genre, ça a beaucoup évolué. »

Le succès de Quais du Polar, véritable moment de partage grand public, n'est sans doute pas étranger à cette évolution.

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Festival Quais du Polar 2023 dans le palais de la Bourse de Lyon.- Photo OLIVIER DION

Pour Hélène Fischbach, ce sont pourtant les auteurs qu'il faut créditer en premier de cette reconnaissance en tant que littérature. « Pierre Lemaitre et Nicolas Mathieu font partie de ceux qui ont fait bouger le regard sur le polar, après l'empreinte d'Anglo-Saxons, comme James Ellroy. Ce qu'ont compris les éditeurs et les lecteurs, c'est que les auteurs de polars ont un vrai talent pour raconter des histoires. »

Zone grise

Le brouillage des frontières entre littérature noire et blanche est désormais un marronnier des programmations. Jusqu'à peut-être devenir presque une caractérisation en tant que telle. Au Rouergue, le prochain Colin Niel, auteur lui aussi emblématique de ce glissement, ne sera publié ni en noire ni en blanche. « Nous allons proposer un objet différent, en sortant des chartes qui sont les nôtres, et les libraires choisiront où le placer », indique Nathalie Démoulin, éditrice du « Rouergue noir ».

Durant ces vingt ans, le polar à la française s'est aussi réinventé. Et les noms de celles et ceux primés par le Prix des lecteurs du festival font la démonstration de cette évolution. « Caryl Férey est le premier à avoir fait la jonction entre le roman noir et un polar plus anglo-saxon, avec une écriture plus rythmée, une recherche de séquençage. C'est un des auteurs qui a lancé cette vague », estime Hélène Fischbach. Dans la même veine, DOA, tout premier lauréat de Quais ou Franck Thilliez, lui aussi récipiendaire du prix.

Ces auteurs emblématiques seront présents lors de cette 20e édition, pour des rencontres thématiques autour du noir à la française, des tables rondes qui retraceront ces vingt ans de polar, ou des dédicaces, prévues en nombre pour fêter cet anniversaire de la maturité. Le festival n'aura d'ailleurs jamais accueilli tant d'écrivains : 135 sont programmés, avec aussi de nombreux auteurs étrangers. Parmi eux, on notera la présence de Dennis Lehane, pour une première à Lyon et John Grisham qui, s'il est déjà venu au festival, se fait rare en Europe.

L'Amérique en déclin ?

Le marché américain connaît une « vraie faiblesse ». Ce constat, Anne Michel, responsable du domaine étranger chez Albin Michel, n'est pas la seule à le poser. Même son de cloche du côté de la « Série noire » Gallimard, chez Marie-Caroline Aubert. « On voit toujours de grosses enchères, mais les textes sont décevants. Je ne lis que des décalques des machines bien huilées, rien d'original », poursuit la première.

Sur le marché français, « afficher un nom anglo-saxon n'est plus une caution », abonde Julie Cartier, directrice des éditions Fleuve. « Il y a un phénomène de lassitude, confirme Jeanne Guyon, codirectrice de la collection Rivages noir. Le flic new-yorkais alcoolique qui a perdu sa fille, on n'en peut plus ! »

Des contre-exemples, bien sûr, viennent tempérer ce verdict partagé, qui laisse par ailleurs le champ aux littératures européennes - les Nordiques, toujours, les auteurs d'Europe orientale, les Italiens et les Espagnols.

Parmi ces exceptions, James Grady et son Dernier grand train d'Amérique, un portrait de l'Amérique dévastée par Trump, paru en mars chez Rivages. Comme Buffalo blues, de Keith McCafferty, en mars chez Gallmeister, une enquête au cœur du sauvage Montana, et des forces qui se le disputent... L'Amérique rurale et déchirée forme aussi le paysage de Au nord de la frontière, de R. J. Ellory, paru en mars chez Sonatine. Dans Le sang des innocents, paru en janvier, toujours chez Sonatine, S. A. Cosby continue à poser son regard aiguisé sur l'Amérique raciste. 

Les valeurs sûres devraient, elles aussi, permettre de conserver une présence étatsunienne dans les palmarès 2024. James Ellroy, attendu en septembre chez Rivages mais aussi Stephen King, revenu en février à la frontière de l'horreur, avec Holly. Objectif d'Anne Michel : refaire de King le no 1 en France, « comme dans tous les autres pays ».

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