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Ce lundi de janvier, c'est journée en présentiel chez Actes Sud, à Arles. L'équipe des droits, dirigée par Nathalie Alliel, s'efforce de rester concentrée devant les écrans, le bruit d'un marteau-piqueur perturbe la tranquillité de la place Nina-Berenova. « Le matin, nous prospectons et l'après-midi nous enchaînons les rendez-vous avec les éditeurs étrangers », résume Fabien Meffre. Responsable de droits étrangers et audiovisuels, il s'occupe de la fiction et la non-fiction du catalogue adulte d'Actes Sud. Ses interlocuteurs se trouvent principalement en Europe de l'Est, en Turquie ou sur le continent asiatique. « Depuis le début de la pandémie, je prête une attention particulière à ces éditeurs étrangers qui souffrent d'une forte inflation dans leur pays », note-t-il. Il cite la Russie, pays qui a pratiquement gelé les cessions. « Le coût des traductions devient si important que les éditeurs préfèrent privilégier les écrivains locaux, poursuit Nathalie Alliel. Les ouvrages sont cédés à des sommes nettement inférieures à celles qu'on pratiquait voilà cinq ans. »

Fait inhabituel, assurent-ils encore, certaines maisons d'édition étrangères achètent des droits mais ne traduisent pas les livres. Les responsables des droits ne lâchent alors aucun contact. « Sur Zoom, WhatsApp, Teams, tout moyen est bon pour garder le lien même si les rendez-vous en visio sont beaucoup plus courts et fatigants », relève la directrice du service des droits. Les rendez-vous en visu, à Paris principalement, sont donc devenus des enjeux de premier ordre. À Arles depuis deux ans, Fabien Meffre a senti l'intérêt grandissant des plateformes audiovisuelles pour les contenus littéraires. L'an dernier, l'équipe, composée de quatre personnes pour le catalogue adulte, a cédé les droits de Chavirer de Lola Lafon, L'intimité d'Alice Ferney ou Le grand vertige de Pierre Ducrozet. « Un autre élément qui est entré en jeu du fait de l'arrivée de nouveaux acteurs c'est que les droits sont cédés sans que l'on sache vraiment si le livre deviendra un film ou une série, explique Nathalie Alliel. Avant, ces deux univers, le cinéma et la télévision, étaient cloisonnés. Aujourd'hui c'est beaucoup plus flou. »

Côté jeunesse, trois personnes s'occupent des cessions. Tous ont mis en place des newsletters thématiques, en moyenne une par mois, qui annoncent les prix qui couronnent les ouvrages, les nouvelles critiques parues dans la presse... « L'idée première est que nos newsletters soient efficaces, synthétiques et précises, souligne encore Fabien Meffre. Elles ne doivent pas inonder les boîtes mails de nos interlocuteurs, déjà noyés sous la masse des sollicitations des éditeurs du monde entier. » Les deux responsables de droits ont déjà en vue un déplacement possible à Londres, où devrait se tenir du 5 au 7 avril la traditionnelle foire professionnelle du livre. Mais tout laisse à penser en ce début janvier marqué par la propagation d'Omicron, qu'ils devront encore une fois rester dans leur bulle numérique, à Arles. « Ce n'est pas grave, sourit Nathalie Alliel, le travail à distance, on connaît ».

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