20 août > Roman Angola

Bonne nouvelle : la relève est là ! Dans l’ombre tutélaire des aînés, des Mia Couto ou des José Eduardo Agualusa, s’affirme une nouvelle génération d’écrivains luso-africains. La voix d’Ondjaki, 38 ans, né à Luanda et installé à Rio, nous arrive ainsi en français avec cette traduction d’un roman qui a obtenu en 2013 le prix Saramago.

Dans la capitale angolaise, un immeuble de sept étages qui "respirait comme un être vivant" est le lieu de survie des Transparents. D’un énorme trou, au rez-de-chaussée, s’écoule de l’eau douce, richesse aussi précieuse que le pétrole censé se trouver dans le sous-sol de la ville et qui nourrit rumeurs et convoitises.

Dans ce roman où les paragraphes, composés de phrases sans point, débutent tous en retrait, comme dans un poème en prose, les seules majuscules du texte sont réservées aux noms propres. MariaComForça (MarieLaForte), GrandMèreKunjikise ou LeCamaradeMuet, spécialiste de l’épluchage et des grillades "grâce à sa façon secrète de préparer le charbon, surtout dans les cas où il n’y en avait pas", s’adaptent aux pénuries, à la faim comme à la corruption. Même si Odonato, autrefois "audacieux de la bouche et des mains", selon sa femme, et aujourd’hui de plus en plus maigre et silencieux, a entamé "un jeûne social" et pense souffrir de "la maladie du mal-être national".

Entre conte ironique et fable politique, Ondjaki, déjà repéré parmi les écrivains africains les plus prometteurs, tire son style d’une langue vivante, orale et dialectale, pour faire couler, telle une source, une fiction qui semble à peine plus imaginaire que l’exubérante réalité angolaise. V. R.

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