Dans le cadre de la saison culturelle franco-portugaise en 2022, vous publiez un polar de Miguel Szymanski, pouvez-vous nous en parler ?
Nous publions le 31 mars le premier roman, Château de carte, de cet économiste de formation et journaliste portugais. L’histoire est celle d’un ex journaliste financier qui travaille à Lisbonne dans les départements de répression des fraudes. L’auteur se penche sur toute la corruption et criminalité en col blanc pendant la crise financière des années 2000. Certains événements sont probablement inspirés de faits réels. Mais le niveau de lecture pour un Portugais ne sera pas le même que pour un Français.
Pourquoi la grille de lecture diffère ?
Les Portugais pourront associer des personnages du roman à des personnages réels. Nous n’avons pas forcément ces références. Le lecteur français n’en tira pas la même chose, mais ce n’est pas plus mal. La corruption reste ce qu’elle est, il y a toujours une histoire, des malversations, et un vrai voyage dans la ville de Lisbonne.
Comment avez-vous découvert cet auteur ?
Nous cherchions un polar portugais, mais le genre n’est pas très développé dans ce pays. A l’aide d’un traducteur, nous avons trouvé Miguel Szymanski. Les Centre nationaux du livre portugais et français ont soutenu financièrement la traduction dans le cadre de la saison culturelle franco-portugaise à hauteur de 40 à 50%.
Couvertures polar 2022- Photo AGULLOPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Et pour le reste de votre catalogue ?
Je me rends beaucoup dans les salons de livres et j’échange avec les centres nationaux des livres à l’étranger. Ces derniers ont une vision plus complète de ce qui se passe dans leur pays par rapport à un éditeur qui présente surtout son catalogue.
Vos auteurs sont peu connus du public français, comment faites-vous pour les faire émerger ?
Nous jouons sur l’idée de la découverte et de la curiosité. Nous construisons cette image de défricheur et avons de moins en moins besoin de convaincre. Les libraires et les médias connaissent notre travail.
Quels sont les territoires à "défricher" ?
Nous sommes à l’affût de l’Europe de l'Est, des Balkans, des pays baltes, mais aussi de l’Europe du Sud. Le polar est un genre émergent sur cette partie. Nous restons proches de nos « informateurs » là bas pour ne pas louper une sortie. Le premier polar croate publié en France, L'eau rouge de Jurica Pavicic est notre plus grand succès avec 12 000 exemplaires vendus. Il a également reçu plusieurs prix, dont le premier grand prix pour nous, le prix du polar européen au festival Quais du polar en 2021.
Nous aimerions surtout publier davantage d’autrices, mais elles sont difficiles à trouver en polar.
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Pourquoi ce focus sur le polar européen ?
Les polars américains que nous publiions au début ne fonctionnaient pas. Il y a d’autres éditeurs qui sont plus forts et qui sont identifiés sur cette littérature. En parallèle, nous sommes rentrés dans des programmes de financement “Creative Europe” qui soutiennent les auteurs qui traduisent des langues rares vers le français. Cela nous a aidé à prendre la décision de s’intéresser exclusivement à l’Europe qui reste un grand terrain de jeu.
D’un point de vue éditorial, êtes-vous inquiète de la guerre en Ukraine et de l’instabilité de la région ?
C’est un peu tôt pour se prononcer. Pour l’instant, je vois déjà que des éditeurs et agents russes ne peuvent pas se rendre au Salon de Londres car ils ne peuvent pas sortir. Nous sommes encore en plein dedans, mais cela va donner du grain pour de nouvelles fictions. Il faut digérer l’histoire pour pouvoir la mettre par écrit, mais ces événements donneront probablement lieu à de nouvelles fictions.
A côté de vos intérêts géographiques, existe-t-il des thèmes que vous aimeriez publier davantage ?
Cela dépend davantage des textes et des auteurs. Nous aimerions surtout publier davantage d’autrices, mais elles sont difficiles à trouver en polar. Généralement lorsque nous trouvons une autrice de polar, nous ne sommes pas les seuls éditeurs dessus et nous n’avons pas toujours les moyens de nous aligner financièrement. Sur les 30 polars de notre catalogue, nous avons une dizaine d’auteurs et une seule autrice, la germano-polonaise Magdalena Parys.
Les quatre sorties polars d'Agullo en 2022
- Château de cartes de Miguel Szymanski, traduit du portugais par Daniel Mathias (31 mars 2022)
Marcelo Silva, ex-journaliste désabusé, quitte l'Allemagne pour rejoindre une brigade financière à Lisbonne. Dès son arrivée, il doit s'occuper de la disparition d'un millionnaire lié à un scandale sur le point d'éclater.
- La main de Dieu de Valerio Varesi surnommé “Le Maigret italien”, traduit de l'italien par Florence Rigollet (5 mai 2022)
Un corps est retrouvé sous le plus vieux pont de Parme. Le commissaire Soneri remonte le fleuve pour en savoir plus, jusqu'à un village isolé des Apennins. L'endroit, autrefois traversé par les marchands et les pèlerins, sert désormais de passage pour les vendeurs non européens et les mules de la drogue.
- Madame Mohr a disparu de Maryla Szymiczkowa, traduit du polonais par Marie Furman-Bouvard (25 août 2022)
Cracovie, 1893. S'efforçant de gagner sa place dans la haute société, Zofia Turbotynska s'engage au service d'une cause caritative, la maison Helcel, institution de soins privée pour les malades et les personnes âgées. Lorsqu'une résidente, madame Mohr, est trouvée morte dans le grenier, le médecin conclut à une crise cardiaque mais Zofia, grande lectrice de romans policiers, y voit un meurtre.
- Un dernier ouvrage de Jurica Pavicic, lauréat des prix 2021 Le Point du polar européen, Transfuge du meilleur polar étranger et le Grand prix de littérature policière pour L'eau rouge (mars 2021), sera publié en 2022.
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