Avant-critique Roman

Fin de saisons. Brighton, de nos jours. À 16 ans, Sacha sait qu'elle n'aura jamais d'enfant. Quel sens y aurait-il à donner la vie dans un monde menacé par le réchauffement climatique ? Avec leur égoïsme et leurs problèmes, ses parents ne lui donnent pas davantage envie d'être mère, ni son petit frère, muré dans une forme de radicalité conservatrice. Tous deux vivent avec leur mère, « plus inquiète des effets de la ménopause » que d'une nouvelle pandémie ou de la xénophobie ambiante. Une période qui rappelle celle qu'a connue Daniel Gluck, le centenaire d'Automne, interné sur l'île de Man pendant la Seconde Guerre mondiale à cause de ses origines allemandes. Avec Été, Ali Smith referme un quatuor de romans qui, saison après saison, a donné voix aux tourments de notre époque. Si les quatre livres peuvent se lire indépendamment, le lecteur sera heureux de retrouver des figures marquantes de cet ensemble. Alors que des liens invisibles semblent les unir, toutes demeurent isolées, séparées les unes des autres par une forme d'incommunicabilité, à bord d'un même navire en train de couler mais regardant dans des directions opposées. Considérant sa famille, Sarah a parfois le sentiment d'avoir face à elle des étrangers. « J'ai l'impression que le sens moderne du mot héros, c'est de mettre un coup de projecteur sur ce qui doit être vu. Je me dis que si quelqu'un fait ça, c'est utile » affirme-t-elle, comme en écho au pari qu'a fait sa créatrice avec ces quatre saisons ancrées dans l'éternel recommencement de notre histoire.

Ali Smith
Eté Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux
Grasset
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 25 € ; 368 p.
ISBN: 9782246819134

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