C’est dans la halle Pajol (Paris 18e) qu’a été construite la nouvelle bibliothèque Vaclav-Havel. Cette grande halle métallique construite en 1926 pour la SNCF et démolie partiellement en 2005 a été réhabilitée de façon entièrement écologique et abrite aussi une auberge de jeunesse, une salle de spectacle, un espace pour les associations, un café-concert… Tout un pôle socio-ludo-culturel que la Ville de Paris et le maire de l’arrondissement, Daniel Vaillant, veulent emblématique de leur politique d’insertion à Paris. Tout est prêt à ouvrir et on n’attend plus que la date d’inauguration, le maire de Paris ayant du mal à rassembler tout son petit monde : la famille de Vaclav Havel par exemple, mais aussi celle de Nathalie Sarraute, qui donne son nom à l’esplanade de la halle.
L’équipe de la bibliothèque est sur le pont, mais aussi un peu lasse de voir reportée à plusieurs reprises l’ouverture de l’équipement. Vaclav-Havel, qu’on appelle aussi Pajol (1 000 m2, 8,6 M€), est d’abord une bibliothèque de quartier : outre les habitants à faibles revenus et les nombreux primo-arrivants auxquels se mêlent quelques jeunes branchés… viendront aussi les lycéens du grand collège Aimé-Césaire, tout proche, et les locataires de l’auberge de jeunesse. « L’accès à Internet [30 postes multimédias répartis dans la bibliothèque, NDLR] devrait les attirer et nous espérons ainsi des échanges entre jeunes de différentes nationalités », dit la directrice, Agnès Dumont-Fillon. Vaclav-Havel, c’est aussi la première bibliothèque du réseau à inaugurer un véritable espace de jeux vidéo : 80 m2, 300 jeux sur consoles, et trois personnes pour animer le service. « Nous avons beaucoup étudié la question avec les collègues du réseau, explique la directrice adjointe, Lola Mortain, et les jeux ont été acquis en partenariat avec Louise-Michel (20e), qui en propose aussi. » Autre défi : il n’y a pas d’espace pour ados, mais un classement de documents (30 000 en tout) pour les visiteurs de 7 à 77 ans, seule la petite enfance ayant son espace spécifique.
Hormis ces innovations, la bibliothèque présente un intérieur assez classique, un peu étriqué en raison de la configuration en longueur des deux niveaux. Il est dommage aussi que le hall, sympathique, avec son espace de presse et sa machine à café, manque d’espace et ne mène qu’à un escalier ou à un ascenseur pour atteindre les salles de lecture. «Nous avons fait au mieux avec les contraintes de l’espace, explique Agnès Dumont-Fillon, et privilégié les salles de travail fermées pour le travail individuel et en groupe. Une demande forte des jeunes. »
Laurence Santantonios
