D'entrée de jeu, l'exercice n'est pas simple lorsque des diffuseurs viennent à la rencontre d'un parterre composé de 80 libraires. Lundi 22 octobre, Matthias Echenay, directeur du CDE, et Patrice Evenor, directeur de la diffusion Seuil chez Volumen, se sont pliés au jeu lors d'une table ronde dédiée aux relations commerciales entre éditeurs et libraires organisée dans le cadre des Assises régionales de la librairie en Provence-Alpes-Côte d'Azur, à Toulon.
"Vu le contexte, c'est normal que les diffuseurs soient bousculés et que cela ressemble plus à du tir aux pigeons, souligne Matthieu de Montchalin, président du SLF. Mais ce genre de rencontre reste utile parce qu'ils se rendent compte des difficultés du terrain, et que cela nous permet ensuite de travailler avec eux ces dossiers."
Accompagnés de Guillaume Husson, délégué général du SLF, de Nadia Champesme, présidente de l'Association Libraires du Sud et directrice de la librairie l'Histoire de l'oeil à Marseille, et de Michel Paolasso, patron de la librairie Lorguaise chargé d'animer le débat, Matthias Echenay et Patrice Evenor ont balayé pêle mêle de nombreux sujets reflétant les préoccupations des libraires, parmi lesquels figurent les remises, les retours, les offices sauvages, le rôle des représentants, les délais d'approvisionnement et la circulation de l'information entre fournisseurs et libraires.
Sur tous ces points, aucune solution concrète n'a été réeellement apportée. "Je ne suis pas venu avec la mesure miracle, celle qui va révolutionner l'ensemble du système et donner plus d'argent aux libraires", s'emporte d'ailleurs Matthias Echenay, qui a tenu à souligner les contraintes propres aux diffuseurs et la faible marge que le CDE dégage.
Premier sujet abordé, le problème de la remise a finalement été vite réglé, tous étant d'accord sur le fait que les Rencontres de Lyon avait porté leur fruit mais que l'on atteignait sans doute la limite des avancées possibles. Chacun a rappelé les mesures mises en place dans leur propre groupe, un contrat rémunérant la place donnée à certains éditeurs dans 112 librairies pour Volumen, alors que le CDE a testé une formule portant notamment sur le travail d'animation, les coups de coeur et le fonds avec 50 libraires.
Faire évoluer le mode de fonctionnement
Très vite, la salle est intervenue pour apporter témoignages et réflexions, notamment sur le rôle des représentants et la circulation de l'information dans les librairies dites de niveau 2. "Aujourd'hui, le travail des représentants porte essentiellement sur les nouveautés, a convenu Patrice Evenor. Tout le reste, travail des fonds, remontées du terrain, n'est pas fait. Il faut faire évoluer ce mode de fonctionnement." Rappelant que les diffuseurs ne disposaient pas toujours d'outils adaptés, Guillaume Husson est revenu sur l'utilité de l'Observatoire de la librairie, chargé de recueillir les données économiques du secteur. "Avoir ses propres instruments d'analyse permet de mieux piloter achats et retours et de moins subir la relation commerciale. "
La température est subitement montée d'un cran lorsque la problématique des délais de livraisons a été soulevée. Dossier nouveau mais crucial pour Matthieu de Montchalin, en raison des délais affichés par Amazon, il doit être vu sous l'angle commercial et non logistique. "Le transport fonctionne bien, ce sont les délais de préparation chez les distributeurs qui bloquent. Nous sommes obligés d'être violents la-dessus parce que l'on ne peut plus accepter d'attendre 5 jours pour avoir les livres. Je demande à vos groupes d'en faire une priorité ", a plaidé le président du SLF.