« Elle est née comme ça. C'est ainsi. Il n'y a pas d'explications. Il n'y a pas de raisons. » Ainsi parle un père de sa fille qui est née avec trois doigts à la main droite. Un père plein d'amour : « Mais elle respirait, c'est tout ce qui comptait. » Certains, en voyant la main, sursautent, d'autres se moquent. Les doigts en question inspirent force métaphores animales, pinces de homards, crocs de serpents, serres d'aigles. De fait, cette page de l'album est terrifiante, pleine d'appendices menaçants. Pour trouver de la joie, il faut voler haut dans les airs de l'astuce. Rester léger. Et si on prenait les choses par l'autre bout de la lorgnette ? Si, par exemple, on se disait qu'une main à trois doigts peut être utile et même présenter des avantages ?
Rien de plus pratique pour faire de l'auto-stop ou pour faire le signe « super » avec le pouce. Une telle main n'est-elle pas taillée sur mesure pour aller débusquer des trucs au fond d'un trou de souris ? Pour enfiler des bracelets, pas la peine de se contorsionner, ça glisse tout seul. Sans compter qu'on peut dire « serre-moi la pince » sans que ce soit une façon de parler... Pour évoquer la différence, Benoît Lemmenais fait souffler la légèreté partout où il peut. Quant à Marianne Ferrer, elle a repeint le monde aux jolies teintes de bleu et de brun, et essaimé tout au long du livre moult dessins d'oiseaux, de plumes et de fleurs. Distillant un baume de joie à chaque page, cet album nous prend par la main pour trouver le chemin du cœur.
Benoît Lemennais, Marianne Ferrer
Main-oiseau
Motus
Tirage: 1 800 ex.
Prix: 15 € ; 36 p.
ISBN: 9782360111060
