15 novembre > Histoire illustrée Grande-Bretagne

Chercheuse invitée à l’université de York, Kathleen Walker-Meikle s’est spécialisée dans l’étude de la place des animaux dans la médecine du Moyen Age. Parmi eux, le chat, qui occupe une place à part. Animal de compagnie, utile pour l’élimination des nuisibles, ou bien incarnation du Malin ? Pour en savoir plus, l’historienne s’est plongée dans les enluminures des manuscrits, et dans la littérature de l’époque - Le roman de Renart, ou les Contes de Chaucer -, où le chat se glisse souvent, comme subrepticement. Elle livre ici le fruit de ses recherches dans un essai illustré.

La plupart des chats qui courent dans les enluminures sont représentés en action, chassant et tuant les souris. On peut aussi en voir des sauvages, ou des farfelus (jouant de l’orgue, par exemple), des héraldiques paradant sur les blasons des nobles. Certains sont devenus célèbres, comme Tibert, l’un des héros du Roman de Renart, tandis que les autres sont appelés Gib. Bien que l’animal ne figure pas dans la Bible, les chats de compagnie sont appréciés des religieux, lorsque toutefois la règle de leur ordre le leur permet. Certaines congrégations jugent en effet « frivole » la possession d’un animal qui peut distraire le disciple du Seigneur.

Mais le sort des petits félins n’est pas toujours aussi enviable : certains, en France, sont sacrifiés, brûlés au solstice d’été, les boyaux d’autres servent à fabriquer des cordes d’instruments de musique, leur peau, récupérée par les écorcheurs, peut finir en fourrure ou en ingrédient médicinal… Et tous sont dévorés à chaque fois que survient une famine.

Animal familier, le chat, surtout s’il est noir, a beaucoup nourri les fantasmes et les superstitions de nos ancêtres. Symboliquement, le chat peut incarner le Diable, tandis que la souris qu’il tient entre ses crocs figure l’homme, prêt à être emmené en Enfer. Le chat (nom dont certains prétendaient, à tort, que dérivait le mot « cathare ») peut entrer dans la formule de recettes de sorcellerie, dans la panoplie des hérésies, et doit donc être évité, voire éliminé par les bons chrétiens…

Kathleen Walker-Meikle montre bien que la vie du chat au Moyen Age n’était pas forcément paradisiaque. Mais peu leur importait, puisque, selon la tradition bouddhiste, ils disposent de neuf vies. Contrairement aux chiens, qui mériteraient que l’historienne leur consacre également un album. J.-C. P.

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