Champion de la rentabilité dans le classement 2017 des éditeurs établi par Livres Hebdo, Blay-Foldex, le plus petit des trois spécialistes des cartes routières et des plans de villes (aux côtés de Michelin et de l’IGN), devrait continuer de tracer sa route dans les prochaines années. "A compter du 1er mars, la diffusion-distribution de nos cartes et atlas par la Sofédis et la Sodis [groupe Madrigall] va relancer nos ventes, et je crois vraiment en l’avenir de l’imprimé pour ce secteur. Fin février, nous allons publier un atlas routier haut de gamme fabriqué en France, à l’opposé des versions bon marché imprimées en Chine", déclare Georges Antoine Strauch. Président de Blay-Foldex, qu’il a racheté en 2011 à la barre du tribunal de commerce, il dirige également Articque, une société d’information géographique qui croise cartographie et bases de données. L’ensemble emploie 56 personnes et réalise 4 millions d’euros de chiffre d’affaires.
L’histoire du redressement de l’entreprise telle qu’il la raconte est une énumération de chausse-trapes, coups fourrés et malversations, finalement surmontés. En 2016, malgré un chiffre d’affaires réduit de moitié, à 1,25 million d’euros, le bénéfice a progressé de 13 %, à 570 000 euros, soit une rentabilité record de 42 %, réalisée avec la vente de plans sur mesure aux entreprises (Printemps, SNCF) et aux collectivités, et la diffusion des "plans orange", qui ont fait la réputation de la marque. L’activité de 2017 est restée à peu près au même niveau, et cette année marquera la fin de l’exclusivité de diffusion-distribution signée en 2012 avec Michelin Travel Partner (MTP).
"A la suite d’une série d’imprévus, nous n’avions plus d’autre choix que cet accord avec notre principal concurrent, le mieux organisé commercialement, et qui a accepté un contrat ferme de 2,1 millions d’euros sur trois ans", explique le président de l’éditeur de cartes. Mais les relations se sont dégradées et Blay-Foldex a assigné MTP au tribunal de commerce de Paris, accusant son diffuseur d’entraver son activité. Le différend n’est pas tranché sur le fond, insiste MTP, qui conteste absolument les griefs invoqués et juge la présentation de l’éditeur contraire à la réalité. En référé, le tribunal a entériné la fin de la clause d’exclusivité pour les cartes et atlas, à laquelle Michelin venait de renoncer.
"L’an prochain, la Sofédis se chargera de tous nos produits", annonce Georges Antoine Strauch, soulagé de la fin prochaine du contrat avec MTP. L’année 2019 devrait être celle de la vraie relance : la réédition des guides Berlitz sous licence, le renouvellement des cartes et plans, qui profiteront de la rationalisation des méthodes de production, devraient permettre de doubler le chiffre d’affaires.
Hervé Hugueny