Lauréats

Boualem Sansal et Hédi Kaddour, Grand prix du roman de l'Académie française 2015

Boualem Sansal et Hédi Kaddour, après la remise du prix. - Photo Photo Olivier Dion

Boualem Sansal et Hédi Kaddour, Grand prix du roman de l'Académie française 2015

Le Grand prix du roman de l'Académie française, qui fête cette année ses 100 ans, a été remis à Boualem Sansal et à Hédi Kaddour, publiés chez Gallimard.

Par Marine Durand,
Vincy Thomas,
Créé le 20.02.2018 à 17h06

Boualem Sansal et Hédi Kaddour ont reçu, jeudi 29 octobre, le Grand prix du roman de l'Académie française respectivement pour 2084 : la fin du monde (Gallimard) et Les Prépondérants (Gallimard). C'est donc un prix ex-aequo qui ouvre la saison des grands prix littéraires de l'automne. Ils l'ont emporté au 4e tour avec 11 voix chacun contre une voix pour Agnès Desarthe (Ce cœur changeant, L'Olivier) et un vote blanc. Le règlement ne prévoit pas de cinquième tour. La proclamation a eu lieu lors d'une séance de commémoration du centenaire du prix. Les deux lauréats recevront 10 000 euros chacun. 

La dernière fois que l'Académie a remis un prix ex-aequo, ce fut en 1999, avec François Taillandier et Amélie Nothomb en lauréats. De toute l'histoire du prix, centenaire cette année, c'est la quatrième fois qu'un tel choix survient : en 1978 avec Pascal Jardin et Alain Bosquet et en 1954 avec Pierre Moinot et Paul Mousset.

Gallimard obtient ainsi ses 29e et 30e Grand Prix du Roman de l'Académie française.

L'audace de Boualem Sansal

L'académicien Jean-Christophe Rufin a salué "l'audace de Boualem Sansal" qui "attaque un sujet brûlant d'actualité, une contre-utopie qui se situe dans la filiation d'Orwell". Et il a ajouté qu'"à travers le personnage principal, on fait l'expérience d'un totalitarisme à base religieuse. Dans cette forme de théocratie, on n'impose pas aux gens de croire mais les rituels autour de la religion ne laissent plus la possibilité de penser."

Jean-Christophe Rufin affirme qu'il y a quelque chose "d'extrêmement actuel. C'est un livre fort qui nous habite et c'est une tentative intéressante de créer un lien entre le totalitarisme orwellien et ce qui se déroule sous nos yeux en passant avant tout par la langue."

Boualem Sansal a réagit en expliquant qu'il ne savait pas comment décrire son livre: "J'ai l'impression d'avoir fait un travail journalistique", explique-t-il.

Initialement sélectionné dans la quasi-totalité des sélections des grands prix d'automne (Goncourt, Renaudot, Femina, Médicis et Flore), 2084 : la fin du monde, roman d'anticipation sur l'avènement d'une dictature islamiste, a finalement été évincé de plusieurs sélections, dont la troisième liste du Goncourt mardi 28 octobre, mais il est encore dans la course pour le Femina et l'Interallié. Il s'est déjà vendu, depuis sa parution fin août, à 100 000 exemplaires et figure depuis 10 semaines dans le top 20 des meilleures ventes romans Gfk/Livres Hebdo, atteignant cette semaine la 6e place.

L'ampleur romanesque d'Hédi Kaddour

L'académicien Frédéric Vitoux a souligné qu'Hédi Kaddour avait déjà reçu le Goncourt du premier roman il y a  dix ans. "C'est un romancier déjà affirmé." "Les prépondérants, grand roman romanesque, brasse dans une histoire et une géographie donnée une masse de personnages savoureux et foisonnants dont les destins s'entrecroisent, et qui éclairent notre époque.

"Ce qui nous a touché, c'est cette ampleur romanesque, précise-t-il, et cette grande intelligence par laquelle Hédi Kaddour nous permet de mieux comprendre notre époque.

Hédi Kaddour a affirmé dans son discours qu'il était "persuadé que la langue française a besoin d'œuvres qui l'illustrent." "Il y a au creux même de l'exercice de notre langue des choses qui tendent à se dégrader. Notre rôle d'écrivain est de travailler à l'usage esthétique de la langue écrite. Nous travaillons dans l'ombre, et de temps en temps, une institution prestigieuse vient mettre en lumière ce que nous faisons", a-t-il expliqué en guise de remerciement.

Déjà lauréat du prix Jean-Freustié pour Les Prépondérants, roman évoquant l'agitation politique dans le Maghreb des années 1920, Hédi Kaddour est aussi finaliste du prix Goncourt, du Médicis et du Femina.

Les deux auteurs succèdent à Adrien Bosc, Grand prix du roman de l'Académie française 2014 avec Constellation (Stock).
 

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