6 mars > roman Grande-Bretagne

On ne remerciera jamais assez Ian Fleming d’avoir donné vie à l’agent 007 ! Le personnage emblématique de James Bond n’a depuis jamais cessé de batailler à l’écran avec classe. En librairie, il avait déjà refait surface avec plus ou moins de réussite. D’abord sous la plume de Sebastian Faulks le temps du Diable l’emporte (Flammarion, 2008, repris chez J’ai lu), puis sous celle de Jeffery Deaver avec Carte blanche (Flammarion, 2011, repris chez J’ai lu).

Voici que William Boyd s’en empare cette fois avec la plus grande maestria. James Bond est né en 1924 d’un père ingénieur écossais et d’une mère suisse. L’auteur de Comme neige au soleil et d’Orages ordinaires (Points) l’attrape à l’âge de 45 ans. Lorsqu’il rêve dans une chambre de l’hôtel Dorchester à Londres où il a dormi nu. Et qu’il repense à la guerre. A l’époque où il servait dans le nord de la France en qualité de lieutenant du service de renseignement de la Marine. Ce mois de juin 1944 où il a regardé la mort en face pour la première fois.

Notre homme ne tarde pas à revêtir un costume en laine peignée bleu foncé, une chemise bleu pâle, une cravate en tricot de soie noire. Dans l’ascenseur, son œil est attiré par une femme grande et svelte qui porte Shalimar. Elle se nomme Bryce Fitzjohn, confie être venue fêter l’anniversaire de son divorce et ne laisse pas indifférent Bond avec ses courbes. Lequel Bond habite Chelsea, ne boit jamais de thé, préfère se servir d’un Beretta que d’un Walther et a quelques soucis avec sa Bentley adorée, en réparation à cause d’un problème de boîte de vitesse.

Il lui faut reprendre du service sous les ordres de M. Se rendre au plus vite au Zanzarim. Un petit pays d’Afrique occidentale où a éclaté une guerre civile et où les forces zanzaries sont opposées à l’armée de la République démocratique du Dahum. Le commandant Bond emporte dans ses bagages Le fond du problème de Graham Greene, alors qu’il s’apprête à mener une mission un peu flottante. Sur place, il sera l’envoyé spécial du bureau londonien d’une agence de presse internationale. Avant d’entrer en contact avec le général Solomon Adeka, il fait la connaissance de Grâce. Une ravissante jeune femme au look "radical chic" qui a été élevée en Angleterre et possède un corps mince et souple.

James sait que le whisky reste la meilleure boisson sous les tropiques. Il le boit double, avec du soda bien qu’il ne crache pas sur du bourbon ou une vodka martini. Il va lui falloir surtout ruser face à l’odieux Kobus Breed. Un mercenaire de Rhodésie psychopathe et intelligent qui utilise à sa manière les hameçons. Disons encore qu’il sera ici affaire de vengeance. Que 007 s’envolera vers Washington DC où il est si facile de s’armer…

Très à son affaire tout au long de l’épatant Solo, William Boyd sert au lecteur un cocktail parfaitement dosé et relevé. A une intrigue tenue et rondement menée, il a ajouté avec intelligence des personnages féminins mémorables, mesdames Bryce et Grâce. Et un James Bond amateur d’automobiles et de repas fins largement arrosés, qu’on espère revoir un jour sous sa plume. Alexandre Fillon

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