17 septembre > Essai Allemagne

Le monde a-t-il un sens ?, demandent Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi dans leur best-seller de l’été (Fayard). Dans un autre succès, outre-Rhin celui-là, Markus Gabriel leur répond que le monde n’existe pas. Mais qu’entend-il par monde, ce jeune philosophe trublion de 34 ans ? "Tout ce qui arrive vraiment."

Spécialiste de la théorie de la connaissance et du scepticisme, titulaire le plus jeune d’une chaire de philosophie en Allemagne, Markus Gabriel explique qu’on n’a aucune idée de tout ce qu’on ne sait pas. Cette modestie doit nous conduire à revenir à l’immatériel, à l’imaginaire, et considérer le monde comme "un incessant passage de champ de sens à un autre".

Il existe des nombres entiers, une Grande-Bretagne, des volcans et des personnages romanesques, mais tous n’existent pas dans un même domaine, un même "champ de signification". Si ce quelque chose existait, il serait plus grand que le monde. Donc le monde n’existe pas. CQFD.

On est épaté par ce funambule de la pensée qui puise ses exemples aussi bien chez Heidegger que dans le Muppet Show ou dans des séries télévisées comme Seinfeld ou Les Sopranos. Comme Slavoj Zižek, Markus Gabriel est un jongleur. Il manipule les langues - une dizaine dont le français et le mandarin -, les concepts et les paradoxes. "Tout existe, excepté le monde." Pour autant, il n’y a pas rien. "Tout ce qui n’existe pas existe aussi, sauf que ça n’existe pas dans le même domaine." Puisqu’il n’y a "que des champs de sens qui prolifèrent en d’infinies variations", Dieu existe, reste à savoir dans quel champ de sens… Bref, Dieu n’est pas mort, mais il n’y a plus de monde ! L. L.

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