Le jour, le jeune Liam McKenzie est un garçon de 12 ans comme il en court les rues. La nuit, il se métamorphose en redoutable Justicier Masqué. En super-héros, il arpente alors son quartier pour protéger les habitants des malfaisances et dysfonctionnements en tout genre. Ses pouvoirs et sa vision du monde se fondent sur la croyance en l’énergie qui est partout dans l’univers, mais aussi en chaque individu. Gemmes et minéraux surtout le fascinent car ils recèlent selon lui une énergie secrète ultra-concentrée. Ainsi l’améthyste apporterait vérité et honnêteté, et le granit sang-froid et détermination. Hélas, jusqu’à présent notre Justicier Masqué a toujours tourné en sous-régime. Ses rondes de nuit n’ont donné lieu qu’à un minable signalement, celui de pneus de Volvo sous-gonflés et d’une boîte à lettres bringuebalante.

Un jour, pourtant, il repère Joan, une dame voisine nimbée de tristesse. Illico, il se fend d’une lettre libellée à ses initiales de Justicier Masqué qu’il va déposer nuitamment chez Joan. "Etes-vous heureuse ? Oui ou Non ? Cochez la case correspondante", lui demande-t-il. Peu après, la missive revient cochée Oui. Il n’en fallait pas moins pour que JM flaire un malheur… Fort heureusement, il a ce qu’il faut pour ce genre de situation : une amulette d’ambre. On adore cette histoire loufoque, qui déconstruit de bout en bout l’image du super-héros. Les planches d’illustration sont elles aussi impayables, un brin vieillottes, qui représentent par exemple l’anatomie du super-beagle qui accompagne le super-héros. A l’endroit de la queue, la légende indique : "dispositif sémaphorique de communication, vecteur d’humeur". Irrésistible, on vous dit.

Fabienne Jacob