Venu de son Bruxelles natal parachever des études de philosophie à la Sorbonne, le jeune Jean-François Dauven, qui avait alors l'accent belge, est entré en 2004 chez Fayard comme stagiaire aux « 1001 Nuits », puis remplaçant dans les services généraux.
Il a été ensuite assistant d'édition de Sophie Hogg-Grandjean, pour l'histoire, et d'Elisabeth Samama, pour la fiction française, « les deux grandes éditrices qui m'ont appris le métier », raconte ce grand garçon discret.
Depuis 2022, il est directeur littéraire de cette illustre maison du groupe Hachette (la Librairie Arthème Fayard a été créée en 1857), chargé de la littérature française, de la collection « 1001 Nuits », et ne s'interdit pas une incursion, de temps en temps, en non-fiction. Un éclectisme « à l'image du catalogue de Fayard, plein de variété ».
Et une fidélité au poste, en dépit des changements de direction qui ont marqué l'histoire récente de l'éditeur. Jean-François Dauven a vu passer nombre de P-DG depuis Claude Durand. Aujourd'hui, c'est Lise Boëll qui est aux commandes. « Il y a des gens qui sont partis, bien sûr, mais la plupart des auteurs sont restés. Il y a des choses qui ne changent pas, et il y a des choses qui changent, commente-t-il, philosophe. Ainsi, Fayard dispose aujourd'hui d'un vrai comité de lecture interne, qui valide ou non les projets présentés. »
Des illustrations de Jean-Michel Folon
Et c'est la première année que Fayard lance sa rentrée littéraire de cette façon. Les cinq romans qui la composent se présentent certes sous la couverture verte typo chic, adoptée depuis 2022. « C'est un peu de l'archéologie, explique Jean-François Dauven. Elle est inspirée d'une très ancienne couverture de la Librairie Arthème Fayard, dans les années 1870, celle de la Paris Modern Bibliothèque. Le franglais, déjà... » La même couverture que pour la réédition dans la collection « Œuvres libres », de classiques : Barbey d'Aurevilly et Dumas, mais aussi Perec ou Claude Lanzmann. La variété, toujours.
Mais les titres de cette rentrée bénéficient aussi, sur une idée de Lise Boëll, d'une jaquette complète avec une œuvre du peintre Jean-Michel Folon, disparu il y a vingt ans. Un autre Belge, mais c'est un hasard ! « Le miracle, explique l'éditeur, c'est qu'on a trouvé pour chaque livre une image qui correspond au texte, comme si on l'avait commandée. »
Les Français Antoine Rault, et son Angle mort du destin, Christian Duverger et ses Mémoires de Cortés, Benny Malapa et son Nègre qui parle yiddish, Thierry Beinstingel et son Père Patrie, et la jeune Hongkongaise Gigi Leung et ses Jours de révolte vont profiter de la magie poétique de Folon. Elle les aidera peut-être auprès des jurés des grands prix littéraires.