Avant-Portrait

Claire Adam, comme la plupart des intellectuels et artistes britanniques, comme la majorité des Ecossais et des Irlandais, se dit « farouchement opposée au Brexit », et « inquiète » également de ses conséquences internationales. Il faut dire qu'à elle seule elle est un parfait condensé de Commonwealth.

Elle est née à Trinité-et-Tobago, dans une famille indienne « sans doute musulmane » par son père. Ce dernier n'est jamais allé en Inde, ni n'a conservé le moindre lien avec le pays dont sont partis ses ancêtres, des coolies« volontaires » venus remplacer dans les plantations, au XIXe siècle, les anciens esclaves africains affranchis. Sa mère est irlandaise. Claire est mariée à un Néo-Zélandais. Quant à leurs deux enfants, ils possèdent chacun pas moins de trois passeports !

Mixité

Ce qu'elle aimait là-bas, c'est la mixité de la population, des peuples et des religions. Ce qu'elle vivait mal, en revanche, c'est que le pays est petit, avec son million et demi d'habitants, refermé sur lui-même et que c'est « un monde traditionnel, dominé par les mâles ». Sans parler de la pauvreté, de la corruption, de la violence, et de la drogue, surtout. « Trinité-et-Tobago, explique-t-elle, vu sa position dans les Caraïbes, est devenue une plaque tournante du trafic entre l'Amérique du Sud et les Etats-Unis ».

Ce contexte nourrit L'enfant en or, traduit en français chez Lattès et qui vient de paraître en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, même si l'auteure se défend d'avoir voulu « donner une image catastrophique de [son] pays ». Il n'empêche que les deux fils jumeaux de la famille Deyalsingh, Peter et Paul, se feront kidnapper par des mafieux, par la faute et avec la complicité de Ramesh, leur oncle, lié à des trafiquants de drogue. Et que Philip, un autre oncle, juge intègre qui avait entrepris de traquer des criminels, sera assassiné. « Tout cela, raconte Claire Adam, je l'ai vu dans ma jeunesse, à l'exception des kidnappings, même si ce n'était pas dans ma propre famille, plutôt bourgeoise. » Sa famille de scientifiques aurait souhaité qu'elle suive leur voie. Ce pour quoi elle est partie en Amérique. Mais elle a divergé ensuite, menant la dolce vita durant plusieurs années en Europe, à Bologne ou à Cork. « Chez nous, tous les jeunes veulent émigrer », dit-elle. Avant de conclure : « Maintenant, mes parents aussi vivent à Londres. Trinité, pour moi, c'est fini, même si j'y retourne de temps en temps. Mes enfants adorent le climat ! »

Elle a passé cinq ans à écrire L'enfant en or, son premier texte publié. Auparavant, elle en avait commis deux autres, autobiographiques, qu'elle a détruits. De celui-ci, elle a rédigé pas moins de neuf versions, avant d'oser le montrer à une agente, Zoé, laquelle l'a présenté à des prix littéraires, puis a démarché des éditeurs, dont le prestigieux britannique Faber & Faber qui l'a accepté très vite. « C'est un rêve ! » reconnaît l'auteure, qui travaille déjà à son prochain, lequel sera « complètement différent ». Il ne se passe pas à Trinité, et les personnages féminins y jouent des rôles plus importants.

L'enfant en or, en effet, est très centré sur des jumeaux, et leur père, Clyde : « J'avais le personnage dès le début, et je savais la fin du livre avant de l'écrire », dit Claire. On ne la dévoilera pas.

Claire Adam
L’enfant en or
JC Lattès
Tirage: 3 300 ex.
Prix: 22 EURos
ISBN: 9782709661461

Les dernières
actualités