Faut-il faire descendre l’expert de son estrade ? Quand choisir une salle intimiste ou alors un espace ouvert qui attirera les passants curieux ? Choisit-on les mêmes modalités selon que le débat s’adresse à des élus, des bibliothécaires, et des usagers ? Nombreuses sont les questions qui se posent pour organiser un débat dans les meilleures conditions. Sans concertation, nous en avons choisi deux.
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Comment faciliter la participation de chacun au débat ?
Primo : en remplaçant peut-être le terme de « débat » par « atelier », pour suggérer une discussion horizontale.
Secundo : lancer le débat : le médiateur/bibliothécaire, ou un groupe qui aura préparé la rencontre, évitera les questions fermées et les « pourquoi » qui planifient trop la suite. On définira également au préalable ce qu’est l’écoute active : « Écouter pour comprendre, pas pour répondre », définit Jérôme Desquilbet. En acceptant les silences, qui sont des moments de réflexion. Et en précisant l’objectif du débat : échanger des opinions, aboutir à une décision ?
Tercio : scinder les participants en petits groupes — taille plus propice à la prise de parole —, que l’on mélange à intervalles réguliers pour que chacun entende tout le monde. Pour éviter des situations de monopole : limiter le temps de parole et la faire circuler dans le sens du cercle. Si c’est à notre tour de parler, libre à nous de la passer.
Si le sujet nécessite un expert, on peut imaginer un « débat pop-corn » : les idées des participants fusent, tandis que le facilitateur/bibliothécaire les récolte et range sur un tableau. L’expert intervient seulement à la fin du brainstorming, pour confronter ses idées à ce qui a été dégagé par l’intelligence collective. Ce sera une « conférence renversée ».

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Faciliter le changement d’avis grâce aux « axes de possibilités »?
Imaginer une rose des vents. Chaque point cardinal correspond à une idée, et les participants se placent dans la pièce en conséquence. Par exemple : plus je vais à droite, plus je pense que « je peux réduire mon temps des écrans ». Et plus on se déplace en haut, plus « j’en ai envie ». Si une personne se place tout en bas à gauche, cela signifie donc « je n’ai pas moyen de réduire le temps d’exposition aux écrans et je ne le désire pas ».
Étapes suivantes : les participants changent leur position/avis au gré des idées qui émergent. « Il faut faire comprendre que la bibliothèque est un lieu de débat qui diffère d’un plateau télé ou d’un bistrot-café, où chacun tient un rôle. Dire qu’ici, il n’y a pas de rôle à tenir, au contraire : il est intéressant de changer d’opinion et on ne perd pas la face quand ça arrive », résume le bibliothécaire Philippe Colomb.
En plus, être debout et se déplacer rend chacun actif. Comme un autre dispositif : le « lego serious play ». À la consigne « construisez l’émotion que vous procurerait un débat réussi en bibliothèque », le participant répond métaphoriquement en assemblant des petites briques. « C’est un exercice silencieux, apaisé, plus introspectif que le brainstorming », loue Jérôme Desquilbet. Prévoir alors des sessions de plusieurs heures.