"Le bonheur est dans le pré/Cours-y vite, cours-y vite/le bonheur est dans le pré,/Cours-y vite, il va filer." Depuis un siècle, des millions d’écoliers français ont ânonné les vers du fameux poème de Paul Fort, sans parler des millions de spectateurs qui ont ensuite vu le film d’Etienne Chatiliez. La poésie la plus simple est décidément inépuisable et, oserait-on dire, "bankable". A moins que ce ne soit le carpe diem auquel ces vers, écrits en pleine Première Guerre mondiale, nous convient. Dernier produit dérivé en date, ce "Fort" joli pop-up illustré par Marie-Hélène Taisne qui les décline en trois dimensions. Le principe est simple, un petit bonhomme au sourire épanoui (serait-il déjà heureux avant même d’avoir trouvé le bonheur ?) part en quête de la félicité. Chaque double page où musarde notre joyeux luron se pare d’une teinte différente. Baguenaude-t-il au milieu de "l’ache et [du] serpolet", et hop ! la page se teint de violet (tiens, c’est une rime !). Séjourne-t-il au bord du ruisselet, et voilà que la page est tel un bleuet (tiens ! une autre…). Parmi les fleurs du pommier et du cerisier, il voit la vie en rose thé (et toc ! une troisième !). Chaque élément de la nature, nuage, haie, fleur, eau du ruisseau, papillon… est très délicatement découpé. La palme revient à la corne du bélier qui déploie sa longue spirale sur deux pages. Chaque strophe du célèbre poème de Fort devient ainsi un tableau qui prend vie en volumes. Et pour finir, on vous épargnera la rime avec "volumes" car on n’a trouvé que "rhume" (des foins…) ! Fabienne Jacob