Un Festival du livre ? Quel Festival du livre ? Dans le grand espace du Palais de la femme (Paris, 11e arrondissement), l’Autre salon ouvrait ses portes, vendredi 22 avril, à quelque 122 éditeurs indépendants. Avant d’accueillir le gros du public ce week-end, l’événement faisait déjà salle comble pour sa première demi-journée, attirant un public d’amateurs de curiosités littéraires, loin de la foule du Grand-Palais éphémère du Champ de Mars où se tient en parallèle le nouveau grand raout de l’édition française. « Nous avons plus d’exposants que lors de la dernière édition d’avant la crise sanitaire, en 2019, se réjouit Alain Gorius, éditeur chez Al Manar et vice-président de l’association L’Autre livre, qui organise le salon. Comme il n’y a plus vraiment de place pour les éditeurs indépendants au Festival du livre de Paris, il est évident que nous en avons récupéré un certain nombre. »
Alain Gorius, vice-président de l'association l'Autre livre, qui organise l'Autre salon- Photo CHARLES KNAPPEKPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
De fait, on croise plusieurs nouveaux venus dans les allées du salon. Cheyne Éditeur est du nombre : la maison ardéchoise, qui publie surtout de la poésie contemporaine, s’est laissé séduire par le tarif attractif et la possibilité de toucher un public plus sensible à son catalogue. « Nous participons chaque année au marché de la poésie, puis à deux ou trois salons, pas forcément à Paris. Ces événements représentent 10 à 15 % de notre chiffre d’affaires », explique Elsa Pallot, co-gérante de Cheyne. L’éditeur, qui avait l’habitude de fréquenter le salon du livre de Paris à l’époque où la région Auvergne Rhône-Alpes finançait un stand pour les éditeurs de son territoire, a investi 440 euros dans une double table à l’Autre salon.
Le stand de Cheyne Editeur- Photo CHARLES KNAPPEKPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Taille humaine
De la même manière, le patron des éditions Wombat, Frédéric Brument, participe pour la première fois au rendez-vous printanier de l’Autre salon. « Nous avons déjà exposé à l’édition d’automne, à la Halle des Blancs-Manteaux. Avant nous participions à Livre Paris, mais les tarifs sont tels que nous en sommes, de facto, exclus. » La fondatrice des éditions La tête à l’envers, Dominique Sierra, est pour sa part une habituée de l’Autre salon. « C’est un événement que j’aime pour son militantisme et son ouverture, explique-t-elle. J’ai participé au Salon du livre de Paris il y a quelques années, mais son format et ses dimensions ne me convenaient pas, c’est beaucoup trop grand pour une maison comme la mienne. Ici, on touche les personnes qui nous suivent sur les réseaux sociaux, mais l’on crée aussi des liens avec les visiteurs. C’est la taille humaine du salon qui permet cela. »
Le stand des éditions Claire Paulhan- Photo CHARLES KNAPPEKPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Si le gigantisme du Festival de Paris est unanimement décrié par les exposants, certains jouent néanmoins sur les deux tableaux. Claire Paulhan, fondatrice des éditions éponymes, spécialisées dans les littératures autobiographiques et autobiographies littéraires, se partage ainsi tout le week-end entre le Grand-Palais éphémère du Champ de Mars et le Palais de la femme. « Mais l’ambiance que j’aime est ici, sourit Claire Paulhan. On connaît le public et on partage l’espace avec des éditeurs à la production vivante et très défendue, qui ont une conception aiguë de leur métier. » Au Festival de Paris, l’éditrice a par ailleurs constaté le sous-dimensionnement des capacités d’accueil en caisse : « Certains visiteurs ont rapporté leurs livres car ils en avaient assez de faire la queue… » Rien de tel au Palais de la femme, où les amateurs de littérature peuvent non seulement discuter à loisir avec les éditeurs, mais aussi leur acheter en direct les livres.
Victor Malzac, cofondateur de la revue Point de chute- Photo CHARLES KNAPPEKPour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Point de chute, petit parmi les petits
Dans un coin de l’Autre salon, sur une estrade, ont été rassemblés les « tout petits éditeurs », comptant moins de 15 titres à leur catalogue. C’est là qu’opère Victor Malzac, cofondateur de la revue poétique Point de Chute, quatre numéros au compteur depuis sa création à l’automne 2020. Lui-même poète publié aux éditions du Cheyne et de La Crypte, dont les stands sont installés non loin, il joue volontiers les rabatteurs pour faire connaître Point de chute, qui publie les nouvelles voix de la poésie française et internationale. L’Autre salon est à ce titre un rendez-vous de choix pour la toute petite revue, tirée à seulement 150 exemplaires et surtout vendue en ligne ou « de la main à la main. » « Nous payons 30 euros pour un coin de table parmi d’autres petits éditeurs, cela nous permet d’accueillir les lecteurs qui apprécient notre travail et sont curieux de nous rencontrer », confie Victor Malzac.
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