Essai/France 6 novembre Marc Lambron

Ce n'est pas un journal, puisqu'après tout l'auteur n'est pas diariste, ce serait plutôt quelque chose comme « ses plaisirs et ses jours ». C'est un monde en tout cas, celui de Marc Lambron, qui se compose de tous les mondes possibles, chacun réinventé par la grâce d'un style ou l'esprit d'escalier côtoie l'entomologie.

D'une certaine façon, avec son Carnet de bal, dont Lambron publie aujourd'hui le quatrième tome couvrant un très large choix de ses chroniques parues entre 2011 et 2019, il pourrait être pour les quais de Seine ce que Truman Capote fut pour Central Park. Un observateur railleur. Mais lui travaille trop et il a trop d'empathie pour ses sujets pour être durablement comparé au « nain maléfique » de Prières exaucées. On préférera donc se souvenir qu'il fut le compagnon des premières années lyonnaises du regretté Frédéric Berthet et que s'il lui en reste quelque chose c'est d'abord ça : comme une grâce fuligineuse.

Qui croise-t-on dans ce Bal où il a la générosité d'inviter son lecteur ? A peu près tout le monde. Les morts, qui parfois ont bien du mal à l'être vraiment, comme dans son magnifique hommage à Claude Lanzmann, par exemple, et les vivants, dont certains ne savent guère plus l'être- on aura la décence de ne pas citer de noms. C'est-à-dire des musiciens de toutes sortes, des actrices, des politiques, des peintres, Venise ou son cher souci, l'Amérique. C'est un bal, on l'a dit ; mais à l'aune de ceux d'antan, c'est peut-être d'abord un bal des spectres. En tout cas, ça se déguste comme un Montecristo un soir d'été, seul, à regarder s'éteindre les derniers lampions de la fête.

Marc Lambron
Carnet de bal : chroniques. Vol. 4
Grasset
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 24 euros ; 496 p.
ISBN: 9782246822738

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