Denis Cheissoux : "Il y a des ouvertures possibles"

Denis Cheissoux - Photo DR

Denis Cheissoux : "Il y a des ouvertures possibles"

Pour l’animateur de "L’as-tu lu mon p’tit loup ?", le dimanche à 19 h 55 sur France Inter, la faible présence du livre jeunesse dans les médias n’est pas une fatalité.

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Par Claude Combet
avec Créé le 29.09.2017 à 17h12

Denis Cheissoux - France Inter est une radio culturelle. La force du livre de jeunesse est d’être fédérateur et transgénérationnel. "L’as-tu lu mon p’tit loup ?" s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux parents et grands-parents. C’est un lieu commun : faire lire les enfants, c’est former les lecteurs adultes de demain et… les futurs auditeurs.

Il y a un paradoxe entre la grande qualité de la production et le manque d’ambition du secteur pour la faire connaître. Les éditeurs doivent comprendre comment fonctionnent les médias, leur vendre des parts de marché, expliquer qu’il y a 13 millions d’enfants de 0 à 12 ans, faire du lobbying. Je suis conscient que les médias fonctionnent avec des vedettes et ont besoin de "bons clients" qui savent s’exprimer, mais il y a des ouvertures possibles.

Je m’intéresse avant tout à l’album. Je refuse les ouvrages pédagogiques et les textes dépressifs. Un enfant a naturellement le sens de l’abstraction et de la complexité. Il ne faut pas s’interdire certains thèmes, mais on n’a pas le droit de le désespérer.

Je ne vais pas au-delà des 12-13 ans, faute de temps. La littérature pour la jeunesse, par essence, réveille l’esprit d’enfance, mais je ne tiens pas à revivre mon adolescence. Je fais cependant des exceptions pour les auteurs que j’aime comme Timothée de Fombelle ou Anne-Laure Bondoux.

Je suis toujours aussi enthousiaste. Grâce à Patrice Wolf qui a lancé l’émission avec moi, j’ai eu dès le départ entre les mains ce qu’il y a de meilleur, comme Tomi Ungerer, Bruno Heitz, Claude Ponti, et j’ai appris à en parler. La formule a évolué. C’est aujourd’hui un beau moment de radio, notamment grâce à la voix d’Eric Hauswald, qui lit des extraits, et à la réalisation de Xavier Pestuggia, un "véritable peintre sonore". J’aimerais juste qu’elle soit un peu plus longue, pour pouvoir donner la parole aux auteurs et aux illustrateurs.

Le livre jeunesse français est très créatif. En trente ans, j’ai vu passer les grandes tendances du livre pour enfants : le poche, les textes traitant des émotions comme le deuil, la citoyenneté, la philosophie, les "Livres dont vous êtes le héros", les "Chair de poule", les "Souris rose", Harry Potter, l’écologie, l’humour, les faits de société, même quand ils sont politiquement incorrects. En ce moment, la mode est aux romanciers connus qui écrivent pour la jeunesse. Mais tout le monde n’est pas Daniel Pennac, qui a commencé avec Cabot-caboche et L’œil du loup, et écrit aussi bien pour les jeunes que pour les adultes.

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