Avant-critique Roman noir

Dennis Lehane, "Le silence" (Gallmeister)

Dennis Lehane - Photo David Shankbone/CC BY-SA 3.0

Dennis Lehane, "Le silence" (Gallmeister)

Retour ad hoc de Dennis Lehane entre haines et silences concomitants.

Par Jean-Luc Manet
Créé le 29.04.2023 à 11h00

Shut up Island. Si l'on peut discuter une écriture clairement formatée pour sa prochaine exploitation cinématographique, c'est cependant avec grand plaisir que nous retrouvons l'auteur de Mystic River ou Shutter Island. Après un long silence de six ans, Dennis Lehane revient donc avec... Le silence. Le vacarme secoue pourtant les États-Unis en cette année 1974. Le World Trade Center new-yorkais a été inauguré. Autant dire que le commerce libéral sourit de tous ses crocs et se contrefout des classes laborieuses. Boston n'est pas épargné par le désarroi inhérent, exacerbé par le busing, loi particulièrement mal ficelée dans le Massachusetts autour de la déségrégation des écoles publiques. L'intention est louable mais, sans accompagnement, sans vraie mixité sociale ni pédagogie, le fiasco s'annonce et les tensions entre communautés s'enveniment. Jules, la fille de Mary Pat, se voit ainsi expédiée d'autorité loin de South Boston pour terminer ses études dans un quartier aussi délabré que le sien, mais noir. De disparitions d'enfants en dissections des quartiers en friche, le maestro, lui-même bostonien et irlandais de souche, retrouve ses thèmes fétiches et son proverbial niveau pour nous emmener loin, à son tempo moderato et captivant. Pour retrouver sa fille, Mary Pat va secouer quelques fourmilières et contourner toutes les portes qui se ferment à son approche. Les règlements de comptes de la folie ordinaire s'enchaînent. Et comment arrêter une mère aux abois ?

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