écologie

Des auteurs et des livres pour un nouveau récit sur le monde

Librairie Actes Sud à Arles - Photo V. Thomas.

Des auteurs et des livres pour un nouveau récit sur le monde

Actes Sud a réussi sa première édition d'Agir pour le vivant, en remplissant ses salles arlésiennes tout au long de la semaine. Ce fut aussi un formidable tremplin pour les auteurs invités. Sélection avec 11 titres permettant de comprendre l'enjeu des débats.

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Par Vincy Thomas, Arles
Créé le 30.08.2020 à 21h36

Avec plus de 5 000 participants durant les huit journées de sa première édition, Agir pour le vivant a balayé un large spectre de thèmes à travers débats, conférences et ateliers. L’initiative d’Actes Sud a permis à de nombreux scientifiques, paysans, auteurs et artistes de venir échanger leurs constats et leurs idées sur l’écologie au sens large, des fleuves à l’alimentation, de l’économie à la santé, de notre rapport au vivant à la diffusion des solutions.

Les deux soirées, organisées en partenariat avec les Rencontres d’Arles dans l’amphithéâtre romain, ont attiré chacune un millier de personnes bravant une fin d’été précoce et humide. Edgar Morin et Cyril Dion le vendredi, et un événement Live Magazine avec, entre autres, Nancy Huston, le samedi, ont enthousiasmé le public en évoquant la force des récits (positifs).

Ce festival d’un nouveau genre, prolongation des convictions et des choix éditoriaux d’Actes Sud, a milité pour le livre. Car la première action qui compte est de disposer des bons outils pour intervenir. Et justement, intervenants et public s’interrogeaient sur la manière de lutter contre le grand récit dominant, celui du capital. Conséquence : les ventes à la librairie ont décollé au fil des jours, puisqu’une grande partie des conférenciers et débatteurs sont aussi auteurs. La librairie Actes Sud proposait même, en avant-première, le prochain livre de Baptiste Morizot, qui a fait du nom du festival sa bataille culturelle.

Baptiste Morizot, Raviver les braises du vivant (Actes Sud). Parution le 16 septembre.
Une réflexion consacrée aux effets négatifs d'une vision dualiste de la nature sur la mobilisation pour sa préservation. L'auteur appelle, à travers une « libre révolution », à se réapproprier la défense du vivant et des milieux de vie, en replaçant l'humain dans le continuum des vivants, contre les Etats et les experts animés par une vision paternaliste inefficace.

François Sarano. Le retour de Moby Dick (Actes Sud). 2017. Prix Jacques-Lacroix.
L'océanographe décrit les cachalots, leur organisation sociale, leurs caractéristiques physiques et cognitives, leurs modes de communication ou encore leur culture.

Lionel Astruc. Vandana Shiva : victoires d’une Indienne contre le pillage de la biodiversité (Terre vivante). 2011.
Physicienne, écologiste et écrivain, Vandana Shiva est devenue une figure de l'altermondialisme en organisant en Inde un marché de distribution gratuite et d'échange de semences biologiques, et en luttant contre le dépôt de brevets sur les espèces vivantes.

Mario Del Curto. Les graines du monde, l’institut Vavilov (Actes Sud). 2019.
Centre de recherche agronomique dont le siège est à Saint-Pétersbourg, l'Institut Vavilov perpétue l'œuvre de son fondateur, Nikolaï Vavilov, un scientifique qui avait prévu la disparition de la biodiversité végétale avant d'être emprisonné. Ce beau-livre photographique rend compte du travail de prospection, de sélection et de préservation des plantes alimentaires et du rôle des banques de graines par un photographe-chercheur qui parle d’humanité végétale.

Valérie Chansigaud. Les combats pour la nature : de la protection de la nature au progrès social (Buchet Chastel). 2018.
L'auteure examine les mouvements en faveur de la nature qui sont apparus dans les pays occidentaux depuis le XVIIIe siècle : frugalité et égalité durant la Révolution française, remise en question du progrès au XIXe siècle, naissance de la société de consommation, utopies à l'épreuve du totalitarisme, recherche d'une réponse internationale contre la pollution au XXe siècle.

Erik Orsenna. Petit précis de mondialisation, vol. 2 : l’avenir de l’eau (Fayard). 2008. Prix Joseph Kessel.
Enquête à travers le monde sur les ressources d'eau mondiales, leur stockage, leur traitement, leur degré de pollution, etc. Du Nil au fleuve Jaune, de l’Amazone à la Neste, l’auteur s’intéresse aux techniques utilisées dans les zones de pénuries aquafères ou pour survivre dans le plus aride des déserts, mais il constate surtout que s'aggravent les inégalités climatiques sur la planète Terre.

Dominique Bourg. Une nouvelle terre. Pour une autre relation au monde (Desclée de Brouwer). 2018.
Le philosophe interroge les origines de la mise en place d'une relation destructrice de l'homme avec la nature. Il tente de dessiner un avenir plus respectueux de l'environnement, mettant en lumière les liens entre écologie et spiritualité.

Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet. L’Europe réensauvagée : vers un nouveau monde (Actes Sud). Juin 2020.
Plaidoyer pour un ré-ensauvagement du territoire européen, en n’oubliant pas que la nature sait mieux faire que l’Homme. Les auteurs estiment que d'ici 2030, 30 millions d'hectares reviendront naturellement à la vie sauvage du fait du désintérêt de l'homme. Le reboisement spontané de ces espaces favorise à long terme la réinstallation d'espèces animales effectivement disparues ou réputées telles.

Marc-André Selosse. Les goûts et les couleurs du monde. : Une histoire naturelle des tannins, de l’écologie à la santé. (Actes Sud). 2019.
Dans un cheminement à travers le temps et l'espace, l'auteur présente la vie des plantes, celle des sols et la façon dont l'homme tire bénéfice des tannins. Les fonctions de ces derniers dans l'environnement humain et leur importance sont expliquées.

Emanuele Coccia. Métamorphoses (Rivages). Mars 2020.  
Un essai sur le vivant et son expérience de la métamorphose. L'auteur affirme que, au-delà de la multiplication des formes et des façons d'exister, tout être vivant constitue la même vie qui se transmet de corps en corps, d'individu en individus, en dépit des déplacements et des transformations. Toutes les espèces sont ainsi liées entre elles, de même que le vivant l'est au minéral.
 
Nancy Huston. L’espèce fabulatrice (Actes Sud). 2008.
Elle l’a affirmé dimanche à Arles. «  On peut inventer un nouveau récit mais cela va ne pas se faire d’un seul coup. On ne peut pas trouver un seul récit. Il faut qu’il y ait des milliers de récits pour que cela aille au-delà des convaincus ! » En attendant son prochain roman au printemps prochain, la plus parisienne des calgaryennes, dans cet essai cité par de nombreux intervenants cette semaine, évoque l'histoire et les pouvoirs du roman, et célèbre le pouvoir de diversité que la littérature peut introduire au cœur de l'individu. Nourrie de ses lectures, évoluant autour des thèmes qui lui sont chers, elle révèle ainsi que les humains sont tous des êtres de fiction.
 
 
 

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