Des poches en mode poids lourds

Audrey Petit, Le livre de poche - Photo OLIVIER DION

Des poches en mode poids lourds

Le format poche, qui représente trois quarts des volumes vendus dans le rayon étranger, offre bien plus qu'une « deuxième vie » aux ouvrages traduits. Essentiel dans le modèle économique des maisons indépendantes, il permet aux éditeurs spécialisés d'assumer leur rôle de dénicheurs.

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Créé le 18.02.2019 à 09h36

Dans le domaine étranger, le rôle du fonds poche est -majeur. Le Livre de poche, Pocket et Folio, les trois maisons sur le podium, -représentent à elles seules 29 % du chiffre d'affaires et plus de 41 % des volumes vendus. Au total, le petit format représente 75 % des ventes en nombre d'exemplaires (52 % du chiffre d'affaires). Pour -amortir les avances souvent importantes et les coûts de traduction, le passage en poche s'avère essentiel dans la rentabilité d'un ouvrage.

Dénicher et amplifier

La collection « Totem » de Gallmeister représente ainsi 40 % du chiffre d'affaires de la maison. « Tous nos livres ont une deuxième vie dans la collection poche, et souvent ceux qui n'ont pas rencontré leur public en grand format le trouvent à un prix moins élevé », explique de son côté Philippe Picquier, qui ne vend jamais de droits à une maison de livres de poche. Chez Rivages, en revanche, où l'on publie une petite dizaine de poches chaque année, Nathalie -Zberro a adopté une stratégie différente : « J'ai initié des accords avec 10/18 pour être compétitive dans des enchères disputées, comme récemment pour le premier roman américain Les altruistes d'Andrew Ridker, à paraître à la rentrée 2019. » La trésorerie des maisons de livres de poche est un soutien de poids dans l'acquisition des titres étrangers, et leur force de frappe un appui non négligeable au moment des négociations. Olivier Cohen estime ainsi que « les auteurs et agents regardent désormais avec attention la proposition que l'on fait en poche. Un contrat peut échouer si jamais nous ne sommes pas capables de toucher le marché de masse. »

Pour Carine Fannius, directrice éditoriale du pôle poche d'Univers Poche, les bonnes performances du format tiennent au fait que « nous attirons l'attention des libraires sur des titres qui n'avaient pas forcément reçu autant de presse ou d'écho que la littérature française, les auteurs étrangers étant moins disponibles pour la promotion ». L'image très littéraire de la collection « 10/18 » et sa réputation de « dénicheuse » garantissent également la qualité d'un ouvrage, auprès de « lecteurs curieux et qui sont de gros consommateurs », affirme l'éditrice. La capacité à « démultiplier les ventes » du poche, valable aussi pour le domaine français, a joué à plein en 2018. Au Livre de poche, Audrey Petit, responsable de la littérature, met en avant les 80 000 exemplaires de New York Odyssée de Kristopher Jansma (31e du classement des meilleures ventes), « un énorme coup de cœur de toute l'équipe qui avait eu une sortie plus confidentielle chez Rue Fromentin ».

Les recettes traditionnelles du poche continuent d'ailleurs de faire leurs preuves : « Nous avons changé la couverture pour la rendre un peu plus grand public, et créer une résonance avec celles d'autres romans étrangers ayant quelques ressemblances dans le style, comme Les débutantes de J. Courtney Sullivan ou Les intéressants de Meg Wolitzer », précise Audrey Petit.

Travailler le poche comme le grand format

A la marge, les maisons de poche peuvent aussi réserver au petit format un traitement digne d'une sortie en grand. Univers Poche n'hésite plus à faire venir des auteurs étrangers en France dans le cadre des « Apéros Pocket » auxquels sont conviés libraires, journalistes et blogueurs.

« Depuis deux ans, nous envoyons aussi des épreuves pour un ou deux livres étrangers dans l'année que nous voulons vraiment pousser », ajoute Carine Fannius. Cela a été notamment le cas de Assez de bleu dans le ciel de Maggie O'Farrell, paru initialement chez Belfond et qui dépasse les 25 000 ventes chez 10/18 selon les données GFK.

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