4 janvier > roman France > Yanick Lahens

Un homme sait qu’il va mourir. Alors il décide d’écrire une dernière lettre à sa femme. "Laisse couler tes larmes, mais ne plie jamais le genou. Jamais." Le juge Berthier a essayé "d’éloigner les incendies du monde", voilà pourquoi on l’a assassiné. Il laisse derrière lui une veuve éplorée et leur enfant adorée, Brune. Contrairement à ses parents, cette jeune chanteuse "ne mesure pas la température du monde, mais elle veut elle aussi un destin". Comment imaginer qu’il ne soit pas orienté par son lieu d’origine ?

Haïti n’est pas un pays anodin. Il inspire Yanick Lahens car elle ne semble jamais avoir fait le tour de ses contradictions. Certains le qualifient de "maudit, misérable, sauvage ou fini", elle préfère se laisser porter par son concentré de vie. A l’image de Brune, "une fille des commotions, de la colère et du sang, des vertiges, de l’âpre beauté de cette ville". Port-au-Prince, dans laquelle l’ambiance est rythmée par la cadence de la violence ou les pulsions de l’existence. "Ici, vivre, c’est dompter les chutes."

Même les jeunes sont obligés de se réinventer sans cesse. Certains retournent leur veste, d’autres demeurent fidèles à eux-mêmes, tel Ezéchiel le poète, ou Francis le journaliste français. Encore marqué par les attentats contre Charlie Hebdo, il se heurte à d’autres animosités ici. Comme s’il n’existait pas le moindre abri, si ce n’est dans l’amitié, l’amour ou l’envie de vivre. Yanick Lahens manie "des mots lacérés au couteau. Des mots malheurs. Des mots douceur précipitée. Des mots rêves et lumière." K. E.

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