Bon. On aime bien les éditions Verdier. Et on plébiscite l’excellent Banquet du Livre, qu’elles organisent chaque année dans leur beau village de Lagrasse, dans l’Aude (l’édition 2006 aura lieu du 12 au 18 août). Mais on reste perplexe devant l’annonce tonitruante faite, mercredi dernier 5 juillet, dans leur lettre d’information (accessible via le site : http://www.editions-verdier.fr ). De quoi s’agit-il ? D’offrir au public un moteur de recherche pour explorer l’œuvre de l’un de ses auteurs — en l’occurrence Benny Levy pour commencer. Concrètement, vous tapez le mot ou l’expression qui vous intéresse (« gauchisme », « judaïsme », « Sartre », « Steevy et Loana »… ce que bon vous semble), vous choisissez ensuite, parmi les titres de l’auteur au catalogue, celui que vous souhaitez explorer, et vous lancez la recherche. En un quart de seconde chrono, l’écran vous informe si des occurrences (et si oui, en quel nombre) correspondent à votre recherche. Se voulant « une alternative » à la googlisation, l’initiative est présentée comme « la première du genre, pour le corpus d’un auteur ne relevant pas du domaine public ». On se calme. Il y a trois mois, ou un peu plus, l’Institut d’Etudes Levinassiennes ( http://levinas.co.il/ ) avait déjà fait la même chose. Seule (petite) différence : le moteur de recherche levinassien ne fait que renvoyer, pour chaque occurrence, à un numéro de page du livre concerné. Ici, on a droit à une citation, mais tellement courte (généralement pas plus d’un bout de phrase contenant ladite occurrence) qu’elle se trouve inexploitable en l’état. Bref, dans l’un et l’autre cas, il ne s’agit ni plus ni moins que d’indexation en ligne. Un outil certes magnifique, dont on ne peut que déplorer qu’il ne soit pas d’un usage plus répandu, maintenant que la technologie le rend possible. Mais ce bel outil n’est opérant que si l’on possède chez soi les livres physiques dans lesquels on souhaite procéder à une recherche. Ou à défaut, en allant les consulter en bibliothèque avec son ordinateur. Supposons, maintenant, que le procédé se généralise tel quel : s’il devait falloir, demain, à chaque nouvelle recherche sur un auteur, se connecter au moteur de recherche de chacun de ses éditeurs, et n’obtenir à chaque fois que des réponses sibyllines, il n’est pas sûr que les internautes n’iront pas plébisciter une autre solution — Google, justement. Ou comment la supposée « alternative », pourrait bien involontairement apporter de l’eau au moulin de l’ogre américain…
15.10 2013

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