9 mars > Premier roman France > Alexis Ferro

Nous sommes dans le nord de la France, dans les années 1990, chez les Delvaux, qui pourraient s’appeler Le Quesnoy. Une famille très catholique, voire bigote, où l’on ne se parle pas, ou alors grâce à des formules toutes faites. Laurent, le frère aîné, le chouchou, le modèle de Mathieu, le narrateur, est parti à Paris, faire une prépa HEC. Le cadet, 15 ans, lui écrit de longues lettres pour tenter de maintenir le lien, lui racontant sa morne vie, sur un mode plaisant au début. Mais, bien vite, le désespoir le gagne : Laurent ne répond pas, ou alors quelques lignes distraites. Et quand il revient au bercail, c’est pour faire la fête avec des amis, dans la toute nouvelle Alfa Romeo rouge que son père lui a offerte.

Alors Mathieu part en vrille, commence à oublier des choses. Il se console en faisant l’amour "pour de vrai" avec sa copine Perrine, avec qui il a enfin perdu son pucelage, en cachette des parents. Il leur ment, leur dissimule son goût pour le rock’n’roll "indé", et même, ô mon Dieu, ne veut plus aller à la messe. "Tu peux y aller tous les quinze jours", concède le brave homme de père, qui n’a rien compris. La mère non plus, mais elle s’inquiète, et ils envoient leur fils chez un psy. En fait, ce n’est qu’en s’échappant à Londres, tout seul, en clandestin, voir Nirvana au Festival de Reading, qu’il s’affranchira, entrera dans une espèce d’âge adulte, sans plus rien à envier à son frère. Comme un Groseille chez les Le Quesnoy.

Voilà un premier roman d’initiation, écrit un peu à la "djeune", non sans charme. Alexis Ferro prend date pour la suite.

Jean-Claude Perrier

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