Engouement pour la faune sauvage

Jean Arbeille, Quae - Photo Olivier Dion

Engouement pour la faune sauvage

Auparavant centrés sur une approche essentiellement scientifique, les livres consacrés aux animaux sauvages sont désormais traités sous l'angle de la sauvegarde de la biodiversité.

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Créé le 21.11.2019 à 21h27

Portés par la même évolution que celle observée dans les ouvrages consacrés à leurs cousins domestiqués, les livres traitant des animaux sauvages connaissent une nouvelle vitalité. C'est particulièrement vrai pour les livres de fonds, et notamment les guides d'identification. Spécialiste du sujet, le directeur de Delachaux & Niestlé, Philippe J. Dubois note, depuis deux ans, une croissance continue sur l'ensemble de ses guides. « La sensibilisation à la nature et à la protection de l'environnement a donné envie aux gens de connaître ce qui les entoure. Et mettre un nom sur une espèce, c'est faire le premier pas dans la connaissance », analyse le directeur, ornithologue dans une précédente vie. De retour de Francfort, il a pu constater un mouvement similaire dans les pays anglo-saxons, où « les lecteurs opèrent une sorte de revirement et un retour à la somme encyclopédique. Reste à savoir si cette tendance va franchir aussi nettement les frontières. »

La dynamique observée par Philippe J. Dubois se confirme chez ses confrères. « Certes, le segment est petit, mais on y trouve de vrais succès », assure Olivia Recasens, directrice de Humensciences et du département nature et sciences chez Belin, qui annonce des ventes de l'ordre de 10 000 à 20 000 exemplaires sur certaines stars du secteur comme les guides ornithologiques. Pour ouvrir ses guides à ce public élargi et en attente d'informations, l'éditrice s'est engagée cette année dans une refonte de ses trois collections. Elle leur a offert une maquette plus jeune et une couverture « plus pimpante tout en gardant un contenu qui fait référence». Une démarche également entreprise par Aurélie Starckmann, directrice éditoriale pratique chez Larousse, qui a revu ses formats et ses prix pour rendre ses guides plus accessibles. « Les petits guides de poche fonctionnent très bien, plaide l'éditrice. Ils collent à cette envie que l'on ressent chez les parents de réapprendre ce qui constitue leur environnement pour le transmettre à leurs enfants. »

La préoccupation environnementale et la sauvegarde de la biodiversité, qui irrigue désormais tous les ouvrages, constituent un autre levier de croissance. En abordant un groupe d'animaux en danger, tels les abeilles, les oiseaux, les reptiles, les batraciens ou les hérissons, les éditeurs jouent sur les deux tableaux. Ils délivrent une connaissance sur une espèce et invitent plus ou moins activement les lecteurs à se mobiliser. C'est l'objectif affiché de Sauvons les hérissons paru en avril chez Larousse et de la collection « Actions écologiques », lancée en début d'année par Rustica, qui propose dix actions pour agir. Après les abeilles, les oiseaux et la biodiversité, les insectes y seront à l'honneur en janvier.

Les beaux livres n'échap-pent pas à cette volonté. Delachaux & Niestlé propose ainsi pour la fin d'année Légende des serpents, qui montre à la fois « les grandes capacités d'adaptation de ces animaux mais aussi leur grande fragilité ». Même objectif chez Quae, qui se penche avec Françoise Serre-Collet sur les Salamandres, tritons et Cie et renouvelle le sujet phare des oiseaux avec Oiseaux, sentinelles de la nature. « Partir d'un cas concret reste un bon moyen pour évoquer les dangers qui pèsent sur la biodiversité en général », assure Jean Arbeille, directeur exécutif de Quae. Ce traitement participe de l'ouverture grand public de la maison scientifique. Carrefour a ainsi acheté 250 exemplaires d'Oiseaux, sentinelles de la nature, une commande d'une ampleur inédite pour Quae.

Plus controversé, le biomimétisme constitue une autre porte d'entrée pour évoquer la faune sauvage. C'est la voie qu'a adoptée Anne-Sylvie Bameule, directrice du département arts et nature chez Actes Sud. « Cette nouvelle relation que l'homme découvre avec l'animal et la nature est au cœur du changement de société que nous appelons de nos vœux », assure-t-elle. Un propos que développera le Manifeste pour l'océan et l'humanisme, livre d'entretien entre le docteur en océanographie François Sarano et la journaliste Coralie Schaub, à paraître en janvier dans la collection « Domaine du possible ». 

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