9 mars > Histoire France

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Depuis la Restauration, c’est un ménage à trois. L’Etat, le propriétaire et le locataire n’ont cessé d’élaborer des règles de cohabitation plus ou moins respectées. A chaque soubresaut révolutionnaire (1830, 1848, 1870), le problème du logement, surtout dans les villes, est apparu comme un élément déterminant de la cohésion nationale. De même, à chaque guerre (1870, 1914-1918, 1939-1945), on a vu l’Etat consolider son intervention dans les affaires économiques et sociales.

Directrice de recherche émérite au CNRS, spécialiste d’histoire urbaine, auteure avec Fabrice Virgili de La garçonne et l’assassin (Payot, 2011, "Petite bibliothèque Payot, 2013), Danièle Voldman illustre sa recherche de photos, mais surtout de cas précis puisés dans les archives ou dans la presse. Car cette histoire de toits est avant toute chose une histoire de gens.

Le XIXe siècle voyait dans la propriété la condition de l’harmonie sociale, en faisant le lien avec la citoyenneté. C’est à cette époque que naît le logement social, suivi par les habitations à bon marché (HBM), préfigurations des habitations à loyer modéré (HLM) des Trente Glorieuses.

Dans ce récit où les révoltes des locataires alternent avec les crispations des propriétaires, nous voyons l’apparition de la copropriété en 1938, Vichy qui s’emploie à loger "les bons Français" et à résorber l’habitat insalubre, ou la réquisition des maisons closes pour les sans-abri après la loi Marthe Richard en 1946. Nous assistons également au triomphe du pavillon, à la construction des grands ensembles où chacun possède un petit chez-soi et à l’apparition des bidonvilles. Car, bien sûr, il n'est pas uniquement question ici de Paris, toutes les grandes villes étant concernées.

En lisant Danièle Voldman, on saisit pourquoi le logement apparaît comme un facteur majeur dans l’approfondissement des inégalités, au cœur du processus de décrochage des couches populaires. La propriété reste certes le fondement de nos sociétés démocratiques, mais le droit au logement vient perturber cette certitude avec la notion de solidarité que l’abbé Pierre avait brandie à l’hiver 1954. La France compte aujourd’hui 3,8 millions de mal-logés et 15 millions de personnes touchées par la crise du logement. Laurent Lemire

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