13 janvier > Roman France

En 1983, les Hologrammes étaient un de ces petits groupes amateurs qui tentaient de percer sur la scène rock hexagonale, dans la foulée de Téléphone, Noir Désir ou Indochine. Indochine, surtout, leur modèle, puisqu’ils donnaient dans la new wave, tendance cold. Oui mais voilà, en dépit de leurs efforts, les Hologrammes n’ont pas réussi. L’envoi de leur cassette, contenant pourtant un tube potentiel, We are made the same stuffdreams are made of, citation de Shakespeare et texte écrit par Jean-Bernard Mazart, leur parolier, n’a même jamais reçu la moindre réponse de la part de Claude Kalan, alors directeur artistique de la major Polydor. Du coup, les membres, Bérengère Leroy la chanteuse, Alain Massoulier le guitariste, Stanislas Lepelle le batteur, Sébastien Vaugan le bassiste et Frédéric Lejeune, aux claviers, se sont séparés. Chacun a mené sa barque, à sa façon. Ils ne se sont jamais revus, malgré leur amitié de l’époque, et les sentiments de Jean-Bernard pour Bérengère.

Celle-ci a repris le "Relais et châteaux" familial en Bourgogne. Alain est médecin. Stanislas, artiste contemporain prétentieux et aigri. Sébastien, dit "le commandant", le leader d’un parti fasciste en pleine ascension. Frédéric, hôtelier en Thaïlande. Et Jean-Bernard, alias JBM, une star de la communication sur le Net, à qui l’on prête de très hautes ambitions politiques.

En pleine campagne pour l’élection présidentielle, une nouvelle va venir rassembler tout ce petit monde. Alain reçoit enfin, avec trente-trois ans de retard, la lettre que le DA de Polydor leur avait envoyée en 1983, suite à l’écoute de leurs chansons : réaction positive, proposition de rendez-vous, espérance de contrat, de devenir enfin Indochine à la place d’Indochine ! Alain sait bien que leur chance est passée, mais il aimerait quand même retrouver la fameuse cassette, raconter tout ça à ses anciens collègues. Il va donc se mettre en quête pour les retrouver. Au terme de bien des péripéties, de pas mal de surprises et de bouleversements, les choses reprendront leur place, mais pas tout à fait comme avant.

Cette Rhapsodie française, dont le titre a un rapport assez lointain avec le roman, s’écoute avec plaisir. Antoine Laurain est un écrivain facétieux, auteur, entre autres titres, du savoureux Chapeau de Mitterrand (Flammarion, 2012), qui excelle dans la comédie sociale, la satire subtile de l’époque et de quelques-uns de ses travers. Vaste programme. Ici, c’est un peu les illusions perdues sur fond de bagarre politique. Mais, comme on est dans une fiction, c’est le meilleur qui, à la fin, est élu président. J.-C. P.

Les dernières
actualités