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Étude Arcom : enjeux et perspectives d'un marché du manga en mutation

Luffy, personnage principal de One Piece - Photo DR

Étude Arcom : enjeux et perspectives d'un marché du manga en mutation

Publiée le 3 juillet à l'occasion de l'ouverture de la Japan Expo 2025, l'étude de l'Arcom « Le manga et l'anime en France : des cases aux écrans, panorama et perspectives de la création graphique japonaise », dresse un état des lieux du genre dans l'Hexagone en 2025.

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Par Adèle Buijtenhuijs
Créé le 08.07.2025 à 16h04

Avec plus de 36 millions d’exemplaires vendus en 2024, le manga ne cesse, depuis les années 1990, de séduire un public de lecteurs de plus en plus large, comme en témoigne l’affluence à la dernière Japan Expo.

Un engouement qui s'était particulièrement accru après le Covid, avec un chiffre d’affaires du secteur monté à 381 millions d’euros en 2022. Deux ans plus tard, celui-ci connaît un essoufflement (309 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024) bien qu’il demeure très supérieur aux années pré-pandémie (145,3 millions d’euros en 2019).

Ces chiffres sont issus de l’étude publiée par l’Arcom le 3 juillet dernier et intitulée « Le manga et l'anime en France : des cases aux écrans, panorama et perspectives de la création graphique japonaise ». Dans son rapport, l’organisme indique qu’en 2024, quelque 23 % des Français se déclaraient lecteurs de mangas, faisant de ce genre littéraire le cinquième le plus consommé sur le territoire et constituant 11 % du total du marché de l’édition. 

Au-delà de l’appétence pour l’objet en lui-même, le succès des mangas peut également s’expliquer par le goût du public pour les animés, véritables vitrines des ouvrages desquels ils sont adaptés. D’après l’Arcom, 38 % des Français en consommaient en 2024, engendrant un chiffre d’affaires compris entre 65 et 90 millions d’euros.

Un marché éditorial spécifique

Dans son étude, l’Autorité rappelle également la complexité du marché des mangas dans les pays étrangers : en France, sept maisons d'édition majeures s’en partagent quasiment l’intégralité (Glénat, Kana, Pika, Kurokawa, Ki-oon, Lumen et Mana Books, Crunchyroll et Tonkam).

L’importation depuis le Japon se structure quant à elle autour de quatre grands éditeurs japonais : Shueisha (One Piece, Jujutsu Kaisen, My Hero Academia), Kodansha (Tokyo Revengers, Blue Lock, L’Attaque des Titans), Shôgakukan (Détective Conan, Doraemon, Golgo 13), Kadokawa (The Eminence in Shadow, Coma héroïque dans un autre monde, Yotsuba!).

Ce marché est rythmé, selon l’Autorité, par des démarches lancées à l’initiative des éditeurs étrangers vers les éditeurs japonais (et non l’inverse) avec un processus de discussion souvent long et une confiance des ayants-droits difficiles à acquérir. 

En France, bien que plusieurs mangas nationaux (manfras) aient connu un certain succès - Instinct du youtubeur Inoxtag, paru en novembre dernier s’est écoulé à près de 500 000 exemplaires selon GFK - ils demeurent cependant relativement marginaux. 

Un secteur porteur face à de nombreuses difficultés

À travers son rapport, l’Arcom met également en lumière les difficultés auxquelles fait face le secteur du manga en France. D’abord, près de la moitié des lecteurs de ces ouvrages les consomment de façon illicite (43 %) à travers des sites en ligne pour des raisons économiques ou bien afin de bénéficier plus rapidement des nouveaux épisodes.

Pour les librairies spécialisées, le recul du marché (-9% en 2024) demeure également compliqué à gérer. Si plusieurs libraires déplorent l'augmentation du prix unitaire, d’autres décrient le phénomène de surproduction - en 2024, la production de mangas a augmenté de 10 % pour passer à 3 463 titres par an selon le Centre national du livre (CNL), contre 1 853 en 2019 - le tout impactant la qualité des nouveautés.

Cette tendance s’explique notamment par la volonté des éditeurs, de plus en plus nombreux, de s'engouffrer sur un marché porteur ayant connu une très forte croissance après le Covid.

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