Mobilisation

FIBD : les auteurs et autrices maintiennent le boycott de l'édition 2026

Festival d'Angoulême 2025 - Photo Olivier Dion

FIBD : les auteurs et autrices maintiennent le boycott de l'édition 2026

Alors que les éditeurs avaient confirmé, en juillet dernier, leur participation à la prochaine édition du Festival international de la BD d’Angoulême, plusieurs syndicats et collectifs d’auteurs ont quant à eux réaffirmé vouloir boycotter l’événement, « seul moyen de pression de la profession pour exiger des changements dans l'organisation du FIBD ».

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Par Élodie Carreira
Créé le 11.08.2025 à 12h23

« Sans nous, pas d’expositions, de rencontres, ni de dédicaces, et donc, pas de festival ». Malgré un appel à projets lancé par l’Association du Festival international de la BD d’Angoulême en mai dernier, et l’annonce du départ de Franck Bondoux, son délégué général et propriétaire de la société 9eArt, en 2028, plusieurs syndicats et collectifs d’auteurs et d’autrices, dont le STAA (Syndicat des Travailleur.euses Artistes Auteur.ices) et #MeTooBD, ont affirmé, dans un communiqué diffusé vendredi 8 août, vouloir maintenir le boycott de la prochaine édition.

En avril dernier, soutenus par ces syndicats, plus de 400 auteurs et autrices de bande dessinée, dont Anouk Ricard, Julie Doucet ou encore Blutch, avaient signé une pétition publiée dans L’Humanité dénonçant le contrat liant l’association du FIBD et la société 9e Art+. Une mobilisation qui avait alors conduit à la mise en place d’un appel à projets visant à désigner le futur organisateur du festival. Mais d’après les représentants d’auteurs, cet appel à projets ne réunirait pas les conditions nécessaires à un véritable changement dans l’organisation du festival, et pourrait même conduire à la réélection de la société 9eArt+.

L’appel au boycott est maintenu

Tout en reconnaissant que certaines évolutions ont suivi la pétition, désormais signée par plus de 2230 personnes — les représentants d’auteurs et d’autrices s’étonnent d’abord d’avoir appris « de manière détournée » que la « profession » — les syndicats d’éditeurs notamment – « avait levé le boycott ». « Ce ne sont ni le SNE ni le SEA, et encore moins le SNAC BD, qui ont appelé au boycott. Et ils n'ont pas non plus signé notre pétition », ont-ils rappelé, réaffirmant qu’ils sont les seuls à l’initiative de cet appel auquel ils n’ont nullement l’intention de renoncer.

Et leurs critiques ne s’arrêtent pas là puisque les représentants d’auteurs et d’autrices déplorent également un manque cruel de communication et de dialogue avec les organisateurs du festival : « Ni le FIBD ni l'ADBDA ne nous ont contacté·es pour échanger et écouter les revendications des 400 auteur·ices ayant signé l'appel à boycott. La seule réaction de l'association d'Angoulême a été faite par le biais de la presse, dans laquelle on pouvait lire que nous n'avions qu'à postuler pour l'appel à projets si nous n'étions pas satisfait·es du festival », arguent-ils.

« Rien n’est encore joué »

Interrogé par Livres Hebdo, le STAA a précisé que le seul syndicat d’auteurs représenté aux réunions de l’ADBDA est le SNAC BD. Or, ce dernier ayant refusé de signer la pétition d’avril, il ne peut, selon le syndicat, « prétendre représenter l’ensemble de la profession ». Par ailleurs, le STAA affirme, à ce jour, n’avoir été joint par aucune autre partie prenante de l’affaire, après la publication du communiqué.

« Rien n’est encore joué. Le seul moyen que nous avons pour peser dans la balance est de continuer à faire pression. Bien que les auteurs et autrices soient en bas de l’échelle de la chaîne de l’édition, ils en sont les chevilles ouvrières. Et il existe toujours une méfiance à l’égard des décisions que pourrait prendre l’Association FIBD », a-t-il ajouté, en écho aux modalités mises en place dans le cadre de l’appel à projet et qui, selon lui, pourrait favoriser la reconduite de la société 9eArt+ à la tête du festival.

« Nous avons du mal à croire que cet appel à projets sera équitable »

« On ne croit pas que la société 9eArt+ va peut-être candidater : on le sait. Et elle sera nettement avantagée puisque le comité chargé de trancher est composé de membres assez peu sensibles aux enjeux actuels autour du festival. C’est pourquoi nous avons sincèrement du mal à croire que cet appel à projets sera équitable », ajoute le syndicat, qui va jusqu’à s’interroger sur le post-règne de Franck Bondoux. 

« Johanna Bondoux, sa fille, reprendra-t-elle sa place ? », questionnent les syndicats. Et ils ne sont pas les seuls. Dans un article paru en juillet dernier, Libération émet la même hypothèse, rappelant que, depuis plusieurs années, Johanna Bondoux, nommée directrice du développement de la manifestation via sa société Mentalo, joue un rôle de plus en plus marqué dans son organisation.

Refusant que les conditions d’organisation du festival « restent à ce point le privilège d’une minorité qui l’accapare », le STAA et le collectif #MeTooBD ont donc décidé de réaffirmer leur volonté de maintenir leur boycott, vu comme le « seul moyen de pression de la profession pour exiger des changements dans l'organisation du FIBD »

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