Une accélération du rythme des fermetures depuis 2011, un solde négatifdu rapport créations-disparitions (10 fermetures pour 5 ouvertures), des trésoreries ultra fragilisées et des écarts qui se creusent. Le tableau que brosse l’étude réalisée en 2013 par le centre régional du livre de Picardie (CR2L) sur la santé économique de la librairie indépendante dans la région ne diffère guère du constat global, dressé par l’étude Xerfi et révélée lors des Rencontres nationales de Bordeaux.
Depuis deux ans, les difficultés de la librairie indépendante s’accentuent. Toutefois, cette quatrième étude régionale (1), menée auprès de 31 points de vente par le consultant Michel Ollendorff et Thierry Ducret, chargé de l’économie du livre au CR2L, tempère les résultats dégagés nationalement. Ainsi, en Picardie, le taux de rentabilité net moyen s’élève fièrement à 1,74 %, contre 0,6 % enregistré par l’institut Xerfi, et le taux de marge commerciale brut à 35,3 % contre 33,7 % nationalement. Une performance portée notamment par la catégorie des librairies dont le chiffre d’affaires se situe entre 300 000 et 1 million d’euros, et qui affiche un taux de résultat net à 4,6 %. «Cette typologie de librairie correspond bien à la morphologie de notre territoire, qui ne comprend qu’une seule ville centrale, Amiens, de taille moyenne, et beaucoup de petites villes de moins de 50 000 habitants», précise Thierry Ducret.
En revanche, côté trésorerie, les résultats se dégradent avec notamment des besoins en fonds de roulement très élevés, 55 jours en Picardie alors que la moyenne nationale s’élève à 24,2 jours. «42 % de nos libraires ont un problème de trésorerie, ce qui signifie l’utilisation de découverts plus ou moins profonds et une dépendance vis-à-vis des banques. C’est le problème nunéro un du secteur ici», pointe Thierry Ducret.
Fort de ces constats, le compte rendu de l’étude auprès des professionnels et des pouvoirs publics, le 18 novembre, vise avant tout à enclencher une réflexion concernant notamment des dispositifs d’accompagnement du secteur par la Région, totalement inexistants à ce jour.
Cécile Charonnat
(1) Après celles menées en Languedoc-Roussillon, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Basse-Normandie.