Grand Angle, le label adolescent et adulte des éditions Bamboo, lance une collection de bande dessinée d'histoire intitulée « Les Justes ». Dirigée et scénarisée par l’historien et auteur Jean-Yves Le Naour, cette nouvelle offre rejoint le catalogue historique comptant notamment la série « Les Compagnons de la Libération ».
Un historien aux manettes
La collection compte d’ores et déjà deux titres à son actif, Émilie et Oskar Schindler, illustrée par Philippe Tarral, et Carl Lutz, par Brice Goepfert. Parues le 27 août, les deux bandes dessinées ont été scénarisées par Jean-Yves Le Naour, auteur entre autres de plusieurs ouvrages sur la Première Guerre mondiale.
« J'ai d'abord travaillé sur le documentaire Les oubliés de l’histoire sur Arte. C’est comme ça que j’ai entendu parler de Carl Lutz. J’ai donc proposé un scénario à Hervé Richez, directeur de collection pour le label Grand Angle, et ce qui devait être un one-shot est devenu une collection », explique Jean-Yves Le Naour, interrogé par Livres Hebdo.
Comme son nom l’indique, la collection est dédiée aux « Justes parmi les nations ». Notion née en 1953, lorsque la Knesset (parlement israélien) décide d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Certains, connus du grand public, ont inspiré les plus grands réalisateurs comme Oskar Schindler, interprété par Liam Neeson dans La Liste de Schindler de Steven Spielberg (1993).
Carl Lutz et le couple Schindler
Émilie et Oskar Schindler se voient ainsi dédiés l’une des deux premières parutions « Les Justes ». « Pour introduire une collection, il nous faut des titres gondoles, et Oskar Schindler est déjà mondialement connu. Mais, en réalité, la plupart de nos sujets sont d’illustres inconnus », nuance Jean-Yves Le Naour.
Seul à l'écriture, Jean-Yves Le Naour mène un large travail de recherche et de relecture en amont. « À l’image de l’Ordre de la Libération pour la collection des "Compagnons de la Libération", le Cercle Carl Lutz, a passé mes textes à la moulinette », s’amuse le scénariste.
Pour ce qui est du récit, Jean-Yves Le Naour base ses scénarios sur des faits avérés, récoltés au fil de ses recherches, chaque bande dessinée étant complétée par un dossier thématique. « En histoire, on tente de se rapprocher au mieux de la vérité, mais on ne l’atteint jamais parfaitement. »
« Avec la bande dessinée je touche un public plus large et tellement plus varié »
Accompagné au dessin, le scénariste se réjouit de donner vie à ces hommes et femmes qu’il ne connaît qu'à partir d’archives et de témoignages. « J’ai toujours eu ce démon de la fiction en moi. L’histoire, c’est avant tout de la rigueur, mais grâce au format BD, je peux apporter de l’émotion au récit. »
Ancien professeur d’histoire, spécialiste de la Première Guerre mondiale, Jean-Yves Le Naour apprécie tout particulièrement le format de la bande dessinée qu’il considère idéal pour mêler la connaissance au divertissement : « Lorsque j’écrivais mes ouvrages, mes lecteurs étaient essentiellement des hommes de plus de 50 ans. Avec la bande dessinée, je touche un public plus large et tellement plus varié. »
L'auteur souhaite d’ailleurs soutenir une forme de parité dans ses écrits, notamment dans ses choix éditoriaux. Découverte dans les années 1990 et trop peu connue du grand public, Émilie Schindler se retrouve ainsi au cœur de l’action, au même titre que son mari.
Deux parutions par an
Tributaire de ses trouvailles mais aussi des réalités du marché, Jean-Yves Le Naour vise deux parutions par an, annonçant un prochain ouvrage sur Varian Fry, journaliste américain ayant exfiltré depuis Marseille entre 2 000 et 4 000 juifs et militants anti-nazis. L'ouvrage est à paraître l’année prochaine.
Les deux premiers titres de la collection « Les Justes » ont été tirés à environ 6 000 exemplaires.